BASA

AVANT-PROPOS. Il est d'usage, en abordant la question de la langue française en Vallée d'Aoste, de commencer par un aperçu historique ou, si vous préférez, d'histoire linguistique, depuis les Salasses jusqu'à la domination romaine, au Moyen Age, au passage des Valdôtains sous la souveraineté de la maison de Savoie. Cela sert, d'après l'intention des auteurs, à expliquer comment la langue française s'est formée chez nous, et à plaider en faveur de nos revendications linguis– tiques. J'ai décidé pour ma part de renoncer à suivre ce cliché. Avant tout, les origines de la langue française dans notre région ont formé l'objet de plusieurs études savantes parmi lesquelles sont à signaler celles des chanoines Edouard Bérard et François-Gabriel Frutaz, du professeur Jules Brocherel et du chanoine Maxime Durand. D 'ail– leurs, aucun Valdôtain n'ignore en principe ces arguments, et je ris– querais de m'entendre dire, à l'instar du personnage d'une comédie de Racine : « Avocat, ah ! passons au déluge .. . ». Encore, à mon modeste avis, nous n'avons plus besoin d'avancer des revendications linguistiques, du moins pour ce qui concerne le droit, après que le Statut spécial de la Région autonome de la Vallée d'Aoste a reconnu, à son article 38, que « Nella Valle d'Aosta la lingua francese è parificata a quella italiana ». N'ayant donc besoin ni de démontrer pourquoi notre pays est francophone, ni de revendiquer notre droit à l'usage du français, nos causeries, qui ont pour but de donner un aperçu sur la lutte que les Valdôtains ont dû soutenir pour maintenir leur caractère linguistique, pourront se dérouler sans crainte que nous dérogions aux bonnes règles méthodologiques si bien fixées par Benedetto Croce dans un mot devenu justement fameux : « La storia non è mai giustiziera ma giustificatrice ». Je voudrais ajouter que si l'his– toire de la lutte des Valdôtains pour leur langue maternelle est un

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