Basa

172 A. Zanotto française dans les actes publics. Cet édit établissait justement aux articles 110 et 111 : « Art. 110 - Et afin qu'il n'y ait cause de douter sur l'intelligence desdits arrests, nous voulons et ordonnons qu'ils soient faits et escrits si clairement, qu'il n'y ait ni puisse avoir aucune ambiguïté ou incertitude, ni lieu à demander interpretation. » « Art. 111 - Et pour ce que de telles choses sont souvent advenues sur l'intelligence des mots latins contenus esdits arrests, nous voulons d'ores en avant que tous arrests, ensemble toutes autres procédures, soient de nos cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soient de registres, enquestes, contrats, commissions, sentences, testaments, et autres quelconques actes et exploicts de justice, ou qui en dépendent, soient prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en langaige maternel françois et non autrement. » En 1539 la Savoie était depuis trois ans sous l'occupation française. Elle dut donc accepter la décision de François Ier en matière linguistique. Le duc Emmanuel-Philibert, à l'occasion du recouvrement de ses domaines, après la victoire de Saint-Quentin (1559), confirma dans cette région le principe de la substitution de la langue latine par les idiomes vulgaires. Sur les mêmes considérations il ne put évidemment accueillir la requête susdite des Valdôtains pour que fût rétabli l'usage du latin. Et il écrivit Néant au pied du Mémorial dans lequel ceux-ci lui avaient transmis leur désir. Cette décision eut plus tard sa confirmation dans le Coutumier de 1588 qui prescrivait : « Seront tenus tous notaires coucher les contracts et instrumens, qu'ils recevront, en langue vulgaire. » Il s'est trouvé quelqu'un qui n'a pas su cacher sa joie à l'égard de la démarche des Valdôtains pour remettre en vigueur l'usage du latin : « Chi Io crederebbe ? » s'exclamait Tancredi Tibaldi dans son pamphlet dédié au T rionfo del!'« idioma gentile » nella Valle d'Aosta: « Gli stessi Valdostani che, tre secoli di poi, con una sola voce, con un sol core, insorgeranno per la difesa del francese, che chiameranno lingua natia, le doux parler de la mère, non si capacitavano in quei dl di accettarla ». A vrai dire, Tibaldi, par cet avis, a prêté aux Valdôtains du XVIe siècle des sentiments qu'ils n'eurent point. Sa thèse est nettement antihistorique, car elle juge la situation linguistique de la

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