BASA
La minorité linguistique valdôtaine 171 bliés à côté du texte en latin. Ils ont évidemment le but de rendre accessibles au peuple des documents qui ne seraient plus compris dans leur seule version en latin. La langue de Cicéron n'est plus désormais que la langue de l'administration, des notaires, des gens de robe et des gens d'église. En 1561, le duc Emmanuel-Philibert, le restaurateur de la maison de Savoie, établit que la langue française devra être employée dans les actes publics, en remplacement de la langue latine, dans les pays dont les habitants se servent communément du français. Voici ce que disent ses lettres patentes du 22 septembre 1561 : « Faisons scavoir qu'ayant toujours et de tous temps esté la langue française en nostre pais et duché d'Aouste , plus commune et generale que point d'aultre, et ayant le peuple et sujects dudict pais adverti et accoustumé de parler ladicte langue plus aisement que toute aultre, aurions entendu que, non obstant nos dicts statuts et ordonnances, aulcuns désobeissants usent en leurs procedures, tant de justice que d'aultres de la langue latine laquelle, oultre ce qu'ils ne la scavent pas user parfaictement, n 'est si intelligible au peuple comme la langue française, à cette cause declarons nostre vouloir estre resolument que au dict pais et duché d'Aouste nulle personne quelle qu'elle soit, ait à user, tant ès procedures et actes de justice que a tous contracts , instruments, enquestes et aultres semblables choses , d'aultre langue que française, a peine de nullité desdicts contracts et procedures et de cent livres d'amende. » Il ne faut pas croire que cette décision fût acceptée una– nimement par les Valdôtains, car il y avait encore parmi eux de nombreux partisans du latin. En 1572, dans une séance où furent exprimées diverses opinions, le Conseil général des trois états du Duché décidait de demander au duc de Savoie de permettre que les actes publics fussent rédigés en latin comme auparavant, et cela « pour obvier prolexité et confusion de langaiges, mesme que le leingaige patoys dudict pays n'est entendu par lesdictz illustres senatz, mesmes celluy de Piedmont, par devant lequel ressortent la pluspart des causes par appel, lequel n'entend souventes fois ledict langaige et par ce les parties se treuvent frustrés de leurs droictz. Aussi que le lattin est universelement entendu ». Le passage du latin aux langues vulgaires était cependant un fait irréversible. En France aussi, en 1539, le roi François rer avait promulgué l'édit devenu ensuite fameux sous le nom d'Edit de Villers-Cotteret, qui prescrivait l'usage exclusif de la langue
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