BASA
174 A . Zanotto II . Langue et nationalité. L'usage de la langue française n'est devenu un problème en Vallée d'Aoste, nous pourrions dire le problème tout court, qu'à l'époque du Risorgimento, à la suite des tentatives qui furent faites pour associer à l'idéal de l'unité politique de la Nation celui de l'uniformité du langage. Il n'est pas inutile d'examiner ici quelles furent les idées des penseurs sur les rapports entre langue et na– tionalité. Les premiers apôtres de l'indépendance italienne se font les interprètes de la nécessité que la nouvelle Nation n'ait qu'une seule langue : la langue italienne . Ils haïssent la langue française, de même qu'ils haïssent toute chose provenant d'autre-monts, car ils veulent que la nouvelle Italie soit délivrée de la moindre influence française. Vittorio Alfieri, tout possédé par le souci de spiemontizzarsi, fait grief au royaume sarde d'être bilingue, il se montre fâché des intrusions de la langue française en deçà des Alpes. Il trouve « bar– bare » le nom savoyard de sa mère. Le séjour dans un village de montagne piémontais où l'on parle français le rend furieux, car « in quei monti [ gli] tornerebbe fra i piedi la maledettissima lingua francese ». Lui-même avait dû déployer toute la force de sa fameuse vo– lonté pour devenir maître de la langue italienne et se soustraire à l'influence du français qu'il avait appris, avec la géographie et l'histoire, d'un valdôtain, l'abbé Jean Mellé de Saint-Oyen. Le piémontais Galeani Napione dans son livre Dell'uso e dei pregi della Zingua italiana (1791) demande à ses compatriotes d'em– ployer uniquement l'italien comme « lingua volgare calta », condition pour devenir vraiment des italiens, la langue étant « uno dei più fitti vincoli, che stringa alla Patda ~. Voici comment Galeani Napione conçoit les rapports entre le bilinguisme des Piémontais et le principe de nationalité : « Lo esaminar partitamente se gli scrittori piemontesi d'ogni ma– niera servir debbansi tutti di una sala lingua, sciegliendo tra l'italiana e la francese ; oppure se gli autori di certi generi di opere valer si debbano dell'una, altri dell'altra, non è quistione meramente lette– raria, ma politica altresl, e si riconduce a considerare, se sia spe-
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