BASA

176 A. Zanotto De la conscience de nationalité aux sentiments de haine contre ceux qui empêchent l'expression d'une nation, ou, plus généra– lement, contre les autres, il n'y a qu'un pas à franchir. Dans l'unité nationale résultant de la communauté du caractère, des opinions, de la langue, il y a un autre élément de cohésion, a remarqué Joseph de Maistre, représenté par « l'élément de répulsion qui sé– pare les diverses nations. En effet, c'est une vérité désagréable ; mais enfin, c'est une vérité : les nations ne s'aiment pas ... Le nom de toute nation est une injure chez une autre. L'Anglais dit : Frenchdog; le Turc plus généralement : Chien de Chrétien ; le Français : Plat rosbif/, Lourdeau d'Allemand, Traître d'Italien, etc. etc. , et Dieu sait si on le lui rend. » La radicalisation de la haine nationaliste est affirmée, est subli– mée par Alfieri dans son Misogallo : « Gli odî di una Nazione contra l'altra, essendo stati pur sempre, né altro potendo essere, che il necessario frutto dei danni vicendevolmente ricevuti, o temuti, non possono percià esser mai nè ingiusti, nè vili. Parte anzi prezio– sissima del paterno retaggio, questi odî soltanto hanno operato quei veri prodigi politici, che nelle Starie poi tanto s'ammirano ». L'année 1848 et les nationalismes. L'année 1848, qui marque un point crucial dans l'histoire mo– derne de l'Europe, voit aussi la généralisation des luttes nationalis– tes, la naissance de l'ère des guerres de nation contre nation . Le nationalisme vient à signifier plus liberté de l'extérieur que liberté à l'intérieur. Souvent il ne saura résister à la tentation de s'assurer la domination des territoires et des peuples dont l'appartenance ethnique est en question. Les intellectuels et les écrivains libéraux sont les premiers en Allemagne à affirmer des sentiments panger– manistes et à avancer des prétentions sur l'Alsace-Lorraine et sur les autres territoires dont les populations sont ethniquement mélangées. Mais l'explosion nationaliste de 1848 n'est pas l'apanage exclu– sif des Allemands. Les slaves et les italiens les imitent. Voici l'avis d 'un patriote roumain, Nicolas Balescu, qui soutient que les droits nationaux ont la préséance sur les libertés humaines : « Pet parte mia, il problema della nazionalità è più importante della libertà. Pino a che un popolo non esista corne nazione, esso non puà fare usa della libertà. La libertà puà facilmente venire riconquistata quando sia perduta, ma non la nazionalità. Io credo

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