BASA

178 A. Zanotto III. Le Royaume Sarde et le bilinguisme. Les Valdôtains arrivèrent à l'époque du Risorgimento sans que leur caractère de francophones eût donné des inconvénients. Ils vivaient paisiblement dans leur région « intramontaine ». Les bordées des nationalistes semblaient ne pas les viser. Le voisinage de la Savoie, pour laquelle le gouvernement devait promulguer des normes de loi spéciales qui tinssent compte du caractère lin– guistique de cette région, les garantissait contre les attaques des partisans de l'uniformité du langage. En effet le Statut de 1848, parmi les dispositions concernant le Sénat et la Chambre des députés, établissait, à l'article 62 : « La lingua italiana è la lingua ufficiale della Camera. « E' perà facoltativo di servirsi della francese ai membri che appartengono ai paesi in cui questa è in uso, od in risposta ai medesimi ». La loi de 1854, sur la publication des lois, prescrivait de sa part à l'article 4 : « ... la traduzione in lingua francese di ogni legge, all'uso dei Comuni in cui parlasi tale lingua ». Une disposition importante concernant les territoires de langue française fut également insérée dans la loi Casati sur l'instruction publique, de 1859. Il a été justement mis en évidence que l'article 62 du Statut de Charles-Albert introduisit un principe constitutionnel nouveau, qui est la preuve d'un changement important dans l'esprit auquel le législateur s'inspira. La langue française et la langue italienne avaient eu pour les anciens ducs de Savoie la même valeur offi– cielle. Dans les vues d'unité italienne que nourrissait Charles-Albert, celui-ci au contraire affirma « con previdente pensiero politico la lingua italiana essere ufficiale in quelle Camere che sorgevano per realizzare l'unità della nazione italica ». Dans ce dessein, l'admission de la langue française en tant que langue secondaire du Royaume représenta un sacrifice du pou– voir souverain justifié par le respect d'une minorité ou, plus pro– prement, par la nécessité d'assurer aux sujets francophones la pos– sibilité de s'insérer activement dans la vie politique de l'Etat. Il est à remarquer que les discussions qui précédèrent la rédaction

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