BASA

La minorité linguistique valdôtaine 179 du Statut de Charles-Albert, et le premier texte de ce même docu– ment, furent faits en langue française. Cependant, la situation changea radicalement de 1848 à 1860 . A cette dernière date eut lieu l'annexion de la Savoie à la France . Les sujets francophones de la maison de Savoie se trouvèrent réduits tout d'un coup au rang d'étroite minorité : 2 pour mille environ de la population de l'Etat. Les derniers discours prononcés en français au Parlement, quoique l'art. 62 du Statut de Charles-Albert soit resté en vigueur jusqu'au 31 décembre 1947, furent ceux des députés savoyards qui prenaient congé, en 1860. Deux soeurs se séparent. L'annexion de la Savoie à la France entraîna de grands chan– gements pour les Valdôtains qui avaient été unis à elle pendant plus de huit siècles. Ces deux soeurs que les accords entre Napoléon III et Victor-Emmanuel II avaient séparées « parlaient la même langue, suivaient plus ou moins les mêmes usages, avaient les mêmes tribunaux, étaient toujours restées attachées au inême souverain, dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. » Les Valdôtains se rendirent vite compte des nouveaux problè– mes que l'unité politique italienne comportait pour leur caractère linguistique . Dans un article de la Feuille d'Aoste, le premier journal val– dôtain, du 15 juillet 1841, Laurent Pléod aborda le problème de la Convenance et utilité de l'introduction de la langue italienne dans le duché : « Avancer qu'il y a convenance de mettre en usage dans ce duché la langue italienne, parce que sa position topographique est dans l'Italie et que, par la géographie politique, il appartient au Piémont, ce serait peut-être une chose un peu hasardée ; mais avancer qu'il convient d'introduire cette langue parce que les habi– tants de cette province ont des rapports étroits, des relations fré– quentes et indispensables avec l'Italie prise dans sa plus grande acception, c'est-à-dire avec tous les Etats de l'Italie placés en deçà des monts, c'est ce que je crois qu'on n'osera contester. » Pléoz mettait en évidence le fait que dans les bourgades de la vallée centrale s'étaient établis de nombreux piémontais et ita– liens parlant leurs dialectes et les communiquant à leurs voisins. Dans la cité d'Aoste même, s'étaient installés de nombreux corn-

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