BASA

La minorité linguistique valdôtaine 181 ou de l 'Italie. Il est vrai que dans la ville d'Aoste la plupart des employés connaissent l'italien parce qu'ils viennent de l'Italie, ainsi qu'une bonne partie des négociants et des artisans qui y sont domi– ciliés, et que dans les bourgades qui sont traversées par la route provinciale, depuis Châtillon jusqu'aux confins d'Ivrée, ceux qui ont des relations commerciales avec le Piémont comprennent et parlent le piémontais ; mais c'est la fraction la plus petite des communes dont le chef-lieu est sur la route provinciale ... « L'ignorance de la langue italienne est complète dans toutes nos communes rurales et montagneuses, de sorte qu'on voit avec étonnement que lorsqu'on publie des actes du Gouvernement en italien, les assistants abandonnent incontinent le publicateur qui leur parle un langage inconnu et insaisissable. De là dérive la non observation des lois ou d'autres dispositions administratives ou réglementaires ... » Après avoir fait remarquer que le Gouvernement voulait que les employés fussent également versés dans les deux langues, Pléoz terminait en invoquant le renouvellement de l'exécution des lettres patentes du duc Emmanuel-Philibert, de 1561 et de 1578, su:r l'usage de la langue française dans les actes publics. Les Valdôtains ne connaissent pas assez l'italien. Certains fauteurs de la langue française soutenaient donc des arguments utilitaires, inspirés par les doctrines libérales dont ils étaient imbus. Un article du 15 avril 1846 de la Feuille d'An– nonces d'Aoste portait un exemple pratique à l'appui de ces thèses : si un particulier demande l'établissement d'une charbon– nière, d 'un four à chaux, ou l'autorisation à couper des plantes dans une forêt, de conduire son bétail au travers d 'un bois com– munal, de tirer la résine des arbres, sa demande sera accueillie si elle sera conforme aux conditions établies dans l'avis du Bureau de l'inspection forestière . Mais cet avis est en italien ... Le requé– rant ne comprend pas bien toutes les conditions .. . Après avoir con– sulté en vain le syndic et le curé, force lui est de descendre au chef-lieu de la province « pour chercher un interprète et un tra– ducteur, qui ne donne pas sans doute sa peine pour rien, et de perdre de belles journées et de l'argent. » Bref, la connaissance du français donne un avantage immense soit au commerce soit à l'ad– ministration publique, et sert aussi pour l'interprétation des lois,

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