BASA

XXII Académie Saint-Anselme notamment de l'abbé Trèves, il étudie sérieusement la question religieuse. Il se procure, ou on lui procure des livres d'apologétique et il retrouve la foi. Il va au bout, il approfondit la philosophie chrétienne, il la creuse et au fond : c'est le Christ qui lui réapparaît et dont il ne se détache plus. M. Chanoux croyait d'une foi éclairée et fervente, il priait, il égrenait son chapelet. Il avait à un haut degré cette faculté que Platon appelle « la puissante déesse », la mémoire. Tout entrait dans ce vigoureux esprit et tout, rangé en sa place, y demeurait et s'y enracinait. Il avait surtout la bosse, le sens juridique; il n'avait pas besoin de se donner martel en tête pour interpréter les lois. Il eût été certainement un excellent civiliste, mais il préféra le notariat. Il suffit de dire qu 'il avait une clientèle au non plus nombreuse, car il jouissait par son honnêteté et sa compétence de la confiance du public. C'était l'homme qu'il fallait pour la Résistance et pour le gouvernement de la Vallée. Il devait aussi connaître toutes les amertumes ... Le fascisme survint comme la pire des calamités; il se dressa sur ses ergots, il escalada le pouvoir par suite de la plus déplorable impé– ritie du gouvernement libéral à faire face en 1918 à la situation d'après guerre, à la dominer. Il fallait Mussolini, un génie négatif d'un volume démesuré pour accumuler, en dépit de toutes les faveurs de la fortune, tant de faillites, entre autres celle de recréer la romanité, décorée des épigraphes les plus turgescentes, par les puffismes les plus écarlates, pour faire en– suite de la péninsule et de Rome un bastion et un champ de bataille de l'Allemagne et des incursions anglo-américaines qui démantelèrent des vil– les pendant des mois au seul bénéfice du nazisme. Mais ce fut le commen– cement de sa culbute. Cet homme, ce don Quichotte eut toutes les ambi– tions, même celle de la littérature, mais aucune époque historique ne marqua une si piteuse pénurie et stérilité d'écrivains et d'artistes. Il faudra encore des années pour réparer les corrosions morales d'un régime qui avait suspendu ou tenté de suspendre l'exercice de la pensée dans la tête des citoyens et le contrôle de la conscience dans leur esprit afin qu'il ne troublât pas la complexe violation opérée sous l'en– seigne de mots truculents: Rome, empire, révolution, obéir, combattre, vivre périllieusement ... De vaillants combattants de la première guerre devaient recevoir des leçons de patriotisme des jouvencelets qui à la Patrie n'avaient offert que le robuste appétit et la vocifération à horlogerie. Le moderne Dioclétien reconcilia l'Etat avec l'Eglise et ce fut un beau geste par lequel il voulut se mettre au niveau si ce n'est au-dessus de Cavour et de Crispi, mais aussitôt il trouva moyen de l'avilir par des déclarations d'un positivisme de report, et par des actes de goujats contre

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