BASA
La minorité linguistique valdôtaine 189 V. La réaction des Valdôtains . L'opuscule de Vegezzi Ruscalla suscita une grande émotion en Vallée d'Aoste. La Municipalité d'Aoste fut aussitôt investie de cette affaire. Elle avait déjà recouru deux fois au Ministère pour démontrer « ... que, d'après les lois en vigueur et les principes élé– mentaires du droit public, la langue française est la langue légale de cette Vallée, et que le gouvernement ne doit pas recourir à des mesures de violence pour proscrire notre langue maternelle ; que la substitution de la langue italienne à la langue française doit être laissée à l'influence du temps, à l'accroissement des rapports com– merciaux des habitants de cette Vallée avec ceux des contrées cen– trales de l'Italie, et que l'initiative du gouvernement dans cette grave question doit être d'améliorer le système de nos routes pour nous rapprocher des grands centres du commerce et de l'industrie, au lieu de nous laisser isolés et comme enclavés dans les montagnes des Alpes . » Dans ces délibérations la Municipalité d'Aoste déclarait, en sa qualité de mandataire de la population « que celle-ci n'entendait pas répudier l'idiome de l'Italie, mais que, tout en voulant rester fidèle à la langue de ses pères, elle consentait à accepter dans ses écoles l'étude parallèle des deux langues, française et italienne . » La Municipalité, trouvant que la brochure de Vegezzi Ruscalla « est en tous points erronée dans ses démonstrations, et qu'elle n'a de remarquable que l'élégance du style, la supériorité de l'érudi– tion et la hardiesse de la thèse », décidait de faire imprimer et diffuser à ses frais une réfutation : La langue française dans la V allée d'Aoste - Réponse à M . le chevalier Vegezzi Ruscalla, député de Lucca au Parlement italien, due au chanoine Edouard Bérard, mais publiée anonyme. Dans sa réponse, faisant étalage d'une érudition d'emprunt, avec la fougue de la passion et une virulente veine polémiste, le chanoine Bérard suit pas à pas les argumentations de son ad– versaire. « L'Italie est-elle menacée, parce qu'une pauvre Vallée des Alpes parle français ? » se demande-t-il. « Le Ministère a-t-il besoin de se créer des ennemis ? En un moment où la fièvre des nationalités 15
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