BASA

La minorité linguistique valdôtaine 193 honheur, depuis trente ans, est de visiter ces chères montagnes le plus souvent possible. « Il est donc naturel que ce qui touche ce pays me touche, et que ce qui est une douleur pour ses habitants soit une écorchu– re pour moi. Cela étant, tu trouveras bon que, en ce moment comme toujours, je m'associe à leurs chagrins et que je vienne appuyer leurs doléances légitimes et leurs ardentes sollicitations · auprès de ton Excellence. Il s'agit de mon pays ; c'est un devoir pour moi de te parler. Il s'agit d'une affaire d'instruction ; c'est un devoir pour toi de m'écouter. Ecoute-moi. « Je ne reviendrai pas, sois tranquille, sur la question de la langue française qu'on a vouhi arracher de mon vieux pays comme on arrache un arbre, en le déracinant à coups de sape. Entre nous, c'est une tyrannie d'autant plus odieuse qu 'elle est inutile et im~ puissante à la fois. A quoi bon, je te le demande, enlever à la pensée d'un pauvre petit peuple son seul et unique vêtement, la langue des ancêtres, la langue séculaire et qui est la'. forme exclusive de ses idées ? Et puis, cela serait-il bon pour ce pauvre petit peuple qui a su penser, parler et écrire en français pour l'unité italienne, qui, pour elle, a su payer et se battre en italien ? En viendra-t-on à bout sous la forme brutale d'un décret ou d'un arrêté ? «L'uniformité n'est pas l'unité.» «C'est que, vois-tu, l'uniformité n'est pas l'unité. Je te de– mande pardon de te rabâcher tout cela après t'avoir dit que je ne reviendrais pas sur la question de la langue. Mais ce que le gouvernement a tenté à cet égard est si sot, si sauvage, si brutal que je ne puis t'épargner la part qui t'appartient, quoique bien innocemment, comme membre actuel du gouvernement, dans la grande et unanime élégie valdôtaine . D'ailleurs, cc que j'ai à te dire, cette malheureuse question de la langue, revient toujours sur l'eau, puisqu'il s'agit de l'enseignement classique à réorganise,r à Aoste, et que l'on ne peut apprendre quoi que ce soit sans se servir de la langue maternelle, au moins comme point de départ, comme indispensable instrument d'initiation. » Le docteur Cerise faisait remarquer au ministre Matteucci les inconvénients de l'abaissement de l'ancien collège d'Aoste au simple rang de gymnase de troisième classe, mesure celle-ci ayant pour

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