BASA
Comptes rendus des séances XXIII l'action de l'Eglise, actes qui furent définis par Pie XI de vraies persé– cutions. Cet homme était une surcharge pour la nation et aussi pour l'Europe. Quant à la Vallée d'Aoste, nous savons comment il l'enjola, la jobarda, la turlupina. Il ne lui épargna pas les promesses les plus ron– flantes, les plus mirobolantes, les boniments les plus machiavéliques, les plus maboules, les plus godiches: « Voi, Valdostani, siete italiani al cento per cento .. . ». Mais, sans trop tarder il supprima notre langue millénaire dans toutes les écoles, depuis les primaires jusqu'à la troisième lycéale. Les inscriptions publiques furent râclées, la toponymie italianisée, les patro– nymes allaient subir le même sort. L'ineffable Mussolini enjoignit par lettre au directeur de l'usine « La Cogne » de ne point y embaucher des Valdôtains, mais des méridionaux, des vénitiens; des tas de Valdôtains devaient émigrer. Nous connaissons les assassinats, les forfaits perpétrés par ses forbans plus que sataniques. Des villages entiers furent incendiés. A la direction des bureaux, il n'y avait plus des hommes compétents, mais des gens liges au parti et la plupart étrangers à la Vallée d'Aoste. Les Valdôtains étaient comme des exilés dans l'intérieur de leur pays: ceux qui n'avaient pas la carte d'inscription n'avaient pas droit de citoyenneté : donc les citoyens n'avaient plus aucun droit devant la loi; l'aphorisme: « la loi est égale pour tous » était devenu un bluff. On menaçait sournoisement les curés qui s'avisaient de prêcher en français; tous les hebdomadaires durent se résigner à paraître en langue italienne. On vit que tout était contaminé, que Mussolini avait désagrégé, jusqu'à la base, l'Etat, et intoxiqué l'âme de la nation. Le régime fasciste était voué depuis longtemps à une catastrophe retentissante. La mauvaise volonté des événements s'était annoncée de longue date. Sous l'impulsion de l'abbé Trèves et du notaire Chanoux s'organise, dès 1925, une asso– ciation appelée «La Jeune Vallée d'Aoste» qui devait recruter l'élite du clergé, du laïcat, de tous ceux qui avaient vraiment à coeur la survivance de la Vallée d'Aoste. De cette association naquit l'Union Valdôtaine que des rénégats valdôtains ont stupidement, ignoblement boycottée, au détri– ment de tous nos intérêts et de l'honneur même de notre Région. Tout le travail de la «Jeune Vallée d'Aoste» n'a pas sorti tous les résultats qu'on désirait, mais les plus farouches ennemis de notre auto– nomie et de notre langue maternelle n'en ont pas moins essuyé tous les échecs . C'était pain bénit ! Pour secouer le joug de fer qui pesait sur la Vallée, pour sauver ses institutions qui allaient si lamentablement sombrer, pour sauvegarder ses droits, sa langue, ses traditions ancestrales, M. Chanoux n'hésita pas à braver les poursuites féroces, les plus horribles tortures des forbans du
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