BASA
198 A. Zanotto VII. La langue italienne et le barreau . L'introduction de la langue italienne dans le tribunal donna aussi lieu à une réaction de la part des Valdôtains. Jusqu'à 1880 tous les actes de la procédure civile et pénale, les sentences, étaient faits et rédigés en français. Mais voilà que le Bureau d'instruction et les Préteurs se mirent à écrire les actes en italien. Le Président du Tribunal, de sa part, invita publiquement avocats et procureurs à user la langue italienne dans leurs plaidoyers et dans les actes. Le conseil de l'Ordre, réuni en toute urgence, réagit et fit observer, par la bouche de ses membres anciens, de ne pas pouvoir adhérer. Cependant dans les rangs du barreau valdôtain quelqu'un commen– çait à baisser pavillon. L'année après l'avocat Désiré Lucat se servit pour la première fois de la langue de Dante devant le Tribunal. Petit à petit d'autres avocats suivirent son exemple, et l'usage de l'italien se généralisa et finit par l'emporter sur le français. On cite cependant le cas de l'avocat Venance Défey qui, le 24 juillet 1882, se mit a plaider devant la Cour d'Assise d 'Aoste en langue française. Au Président qui l'avait interrompu pour l'inviter à parler en italien, il répondit que, puisqu'il parlait en Vallée d'Aoste, il avait le droit de parler la langue du pays, langue qui était consacrée par un usage plusieurs fois séculaire, langue reconnue et protégée par des dispositions souveraines qui n'avaient jamais été abolies. Après avoir déposé sa toge en signe de protestation et de dépit, l'avocat Défey tourna les talons.
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