BASA
La minorité linguistique valdôtaine 199 VIII. Les diverses attitudes des Valdôtains à l'égard de la question linguistique. Si les Valdôtains étaient unanimes dans l'opposition contre les mesures drastiques du gouvernement pour substituer en Vallée d'Aos– te la langue française avec la langue italienne, il y avait parmi eux diverses façons de considérer la question de la langue maternelle. Les uns, les conservateurs (parmi lesquels nous comptons le clergé) voyaient dans le maintien du français un instrument de réaction, d'opposition au gouvernement. Les autres, les libéraux, tout en étant aussi attachés que les premiers à la langue française, étaient de l'avis que la langue italienne devait s'introduire dans leur pays, favorisée par les nouveaux moyens de communication, par les rapports commerciaux plus fréquents avec les populations de la plaine. Ces hommes avaient été sensibles à la passion natio– nale qui avait porté à l'unité italienne. Ils étaient partant conscients du devoir que les Valdôtains avaient d'apprendre la langue natio– nale « avec amour et conscience. » Mais , en même temps, ils procla– maient, lisons-nous dans Le Patriote du 9 mars 1883, que «l'on ne peut méconnaître les intérêts actuels de nos populations, l'on ne peut méconnaître que ces populations sont plus à même aujour– d'hui de connaître et d'employer la langue française que la langue italienne ; et, de cet état de choses, le gouvernement doit tenir compte». Un mémoire de deux libéraux. Dans un mémoire sur l'enseignement de la langue française, deux libéraux valdôtains, l'avocat Louis Christillin junior et le pro– fesseur Joseph Squinabol nous font connaître leurs opinions, placées sous l'éloquente enseigne d'un mot de Madame de Staël : «Re– naître pour l'avenir sans renier la passé. » Ce mémoire (de 1882) est, croyons-nous, inédit, et il vaut partant la peine d'en résumer les arguments les plus importants. Les auteurs font d'abord le point sur la question de l'ensei– gnement du français. Après avoir affirmé que l'intérêt moral principal est l'instruction et l'éducation de la jeunesse, ils mettent en évidence qu'en 1860 avaient été envoyés à Aoste des professeurs qui connais– saient peu ou ne connaissaient même point la langue française :
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