BASA
200 A. Zanotto « D'où confusion et désordre ; les élèves ne comprenaient pas les professeurs, ni ceux-ci les élèves. Un décret inconcevable avait imposé de plein saut, contre la lettre et l'esprit de la loi et sans ménagement ni disposition transitoire la langue italienne aux écoles secondaires d'un pays où le français était séculaire et, pour ainsi dire, le seul langage parlé. De la sorte, on traitait bien mal le Val d'Aoste sous le triple rapport de la courtoisie, de l'égalité et de l'histoire. « Les Valdôtains sont glorieux d'appartenir à la nation italien– ne. Ils en ont donné des preuves et sur les champs de bataille et dans la vie civile ... » «Le Gouvernement ne tarda pas à s'apercevoir que les mesures prises pour la substitution de la langue italienne à la langue fran– çaise dans nos écoles n'avaient pas l'empreinte de la sagesse, ni même de la convenance. » Mais « le mal était fait ; on avait agi avec trop de violence, de précipitation, et contre la nature des choses. Alors on vit les familles retirer leurs enfants de ces écoles, protestant ainsi, non contre l'enseignement de la langue italienne, qui était désiré et réclamé même par les Valdôtains, mais contre le mode de l'intro– duction de la même et l'ostracisme infligé à la vieille langue ma– ternelle. Une preuve en est que la Feuille d'Aoste écrite dans ce temps par le rédacteur de ce mémoire et représentant un nombreux parti libéral de la Vallée, manifestait hautement l'idée qu'après l'annexion de la Savoie à la France les Valdôtains devaient sponta– nément adopter peu à peu la langue de la Nation. » Les auteurs déclarent leur préférence pour les études classiques : « Nos moeurs, la nature de notre sol, les nombreux monuments qui y surgissent, nos conditions économiques, tout nous porte en effet aux études classiques. En les abandonnant nous renoncerions à notre passé. Mais la tradition ne peut se briser ; le présent est uni intimement au passé, de même que l'avenir le sera au temps dans lequel nous vivons. Les modifications dans le caractère et les tendances d'une population ne se font pas brusquement, comme par– fois dans l'individu. Les changements violents et rapides reculeront notre civilisation qui, à coup sûr, n'est pas inférieure à celle de beaucoup de pays sillonnés depuis longtemps par les chemins de fer, bien qu'il y ait encore des imbéciles ou mal appris qui se complaisent à nous gratifier du titre de crétins ... » « Désormais dans un institut classique complet à Aoste, l'italien
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