BASA
204 A. Zanotto Quant à la question linguistique, Carutti dit qu'elle est une de celles qui demandent la conciliation : « Je reconnais que le gouvernement n'a pas agi avec les mé– nagements nécessaires ... » « Je ne vous conseille pas d'abandonner la langue de vos pères ; mais réfléchissez que l'usage de la langue italienne est in– dispensable pour ceux de vos enfants qui entreront dans la car– rière des fonctions publiques. Vous ne pouvez pas vivre isolés du reste du royaume , et vous priver vous-mêmes des avantages que vous trouverez dans la grandeur de notre patrie. La langue italienne est également nécessaire à votre commerce, dont la pente naturelle est vers l'Italie, et qui trouvera dans un grand royaume de nou– veaux et plus vastes débouchés. Cultivez donc les deux langues ; prêtez-vous à la conciliation que désire le gouvernement, qui est dans votre intérêt et à laquelle je consacrerai tous mes efforts. » Sur un autre front Dominique Carutti avait envoyé une lettre de félicitations à Vegezzi Ruscalla pour son pamphlet : « J'applaudis de grand coeur aux mesures que vous proposez pour répandre la langue nationale dans la Vallée. » Le point de vue d'Edouard Aubert. Un écrivain français, Edouard Aubert, devenu fameux chez nous pour son ouvrage sur La V allée d'Aoste, écrivait lui aussi la même année de l'unité italienne : « Malgré tout le charme qu'il y a pour une oreille française à entendre résonner les accents de la patrie dans un pays étranger, je ne sais s'il ne faut pas souhaiter que le piémontais et l'italien viennent remplacer notre langue dans la province d'Aoste toute entière. Puisque cette belle contrée a été placée par la nature sur le versant méridional des Alpes, puisque les princes de la maison de Savoie, qui la gouvernent, occupent le premier trône de l'Italie, il faut peut-être désirer l'unité de langage, car c'est là, ce me semble, le plus puissant auxiliaire de l'unité dans les moeurs, dans les sentiments et dans les espérances . » On chercherait en vain ce passage dans la nouvelle édition du livre d'Aubert parue il y a quelques années. Les éditeurs ont eu évidemment peur qu'il donnât des arguments aux adversaires de la langue française. Mais Aubert écrivait en 1861. Ses réflexions ne peuvent être utilisées, contre la langue française, que d 'après la
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