BASA

206 A. Zanotto IX. L' industrialisation et le chemin de fer . Si la langue italienne gagna du terrain, et si la langue fran– çaise prit toujours plus le rôle de pauvre Cendrillon, cela ne se vérifia pas seulement à cause de l'introduction de l'enseignement de l'italien dans les écoles, des impositions officielles, mais aussi et surtout à travers la pénétration des populations de la plaine, favo– risée par les nouveaux moyens de communication et par l'industria– lisation de la Vallée. Le prolongement du chemin de fer d'Ivrée à Aoste passionna pendant des dizaines d'années les Valdôtains soucieux d 'assurer un nouvel essor à l'économie de leur pays. Les fauteurs de l'italianisa– tion pressèrent eux aussi l'accomplissement de cette oeuvre pour des vues bien différentes. Vegezzi Ruscalla avait patronné à son temps l'ouverture du chemin de fer. Et Dominique Carutti avait applaudi aux mesures proposées par celui-ci : « Mais entre toutes la plus utile serait celle d'un chemin de fer qui rapprocherait Aoste au coeur de l'Etat. » Et la Rivista italiana di scienze, lettere e arti avait fait chorus : « ... Del rimanente noi applaudiamo col commendatore Carutti ai provvedimenti additati dal cavaliere Vegezzi per diffon– dere la lingua nazionale nella Valle, e utilissimo fra tutti sarebbe quello di una ferrovia che accordasse le distanze di Aosta dal cuore dello Stato ». L'abbé Gorret avait dit lui aussi, dans son Guide de la Vallée d'Aoste (1877 ), que « le chemin de fer d'Ivrée à Aoste sera la meilleure grammaire de langue italienne pour notre vallée . » L'inauguration du chemin de fer eut lieu en 1886. L'industrialisation porta en Vallée d'Aoste nombre de familles d'ouvriers, qui s'établirent la plupart dans les bourgs étalés le long de la vallée centrale et dans la Ville d'Aoste. On ne pourrait af– firmer que leur installation donnât lieu à des inconvénients ou qu'elle suscitât de la xénophobie chez la population autochtone . Les premiers immigrés en Vallée d'Aoste . La Vallée d'Aoste avait déjà hébergé, après les guerres d'indé– pendance, plusieurs réfugiés provenant de la Vénétie et de la Lom-

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