BASA
La minorité linguistique valdôtaine 213 Puis, après l'armistice, les Valdôtains se rendent compte que le moment peut être propice pour les aspirations des minorités, à l'occasion du Congrès de la paix à Versailles. Ils adressent partant, sous la date du 7 avril 1919, une Pétition pour les revendications ethniques et linguistiques de la Vallée d'Aoste à l'hon . Orlando, pré– sident du Conseil des Ministres et de la délégation italienne au Congrès de la Paix. Ils présentent des propositions établissant les bases d'une autonomie linguistique et administrative pour que des garanties sérieuses et immédiates « viennent enfin mettre un terme à l'état de violence où nous vivons », disent-ils, « aux équivoques sans nombre qui perpétuent notre esclavage linguistique, entravent notre liberté par des concessions dérisoires et nous obligent, par les compromis inavouables de la force, à devenir nous-mêmes les artisans de notre ruine et à forger de nos mains les engins destinés à étouffer notre langue, à combattre nos droits et à imposer silence aux raisons de l'histoire. » Le projet présenté établit notamment, à l'article 1er : « L'Etat italien, fondé sur les principes de justice et de liberté, répugnant à toute idée d'oppression, reconnaît aux populations de race et de langue française, enclavées dans l'Etat, les mêmes droits linguistiques et administratifs exercés par les populations de race et de langue italienne. » L'idée autonomiste. En 1921 le doct. Anselme Réan, Président de la « Ligue », publia également un opuscule, Pour la Région valdôtaine avec deux députés, contenant une pétition en faveur de la décentralisation ad– ministrative en Vallée d'Aoste. Car, désormais, le problème de la conservation de la langue française est devenu indissoluble de celui de l'idée régionaliste, de décentralisation administrative remise en vogue par le parti populaire. L'idée autonomiste qu'au XVIIIe siècle l'historien Jean-Baptiste de Tiilier avait idéalisée dans la survivance de l'organisation féodale du duché d'Aoste, dans les franchises et libertés du Pays, s'était finalement transposée dans la conscience de former une individualité linguistique dans le cadre de la nation italienne, une entité particulière qui avait le droit d 'être protégée par l'Etat, qui avait droit à la liberté.
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