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La minorité linguistique valdôtaine 215 Le clergé et la langue française. Il est grand temps que j'ouvre une parenthèse, pour parler de l'attitude du clergé valdôtain à l'égard des problèmes du français. Nous avons vu qu'un ecclésiastique, le chanoine Edouard Bérard, s'était chargé de rédiger l'opuscule polémique de réponse à Vegezzi Ruscalla. En effet, le moteur principal de toutes les initiatives en faveur de la culture valdôtaine, soit de la langue française, soit des traditions locales, était le vieux clergé qui entendait conserver, avec elles l'attachement des Valdôtains à la religion et à la vie patriarcale . La «Jeune Vallée d'Aoste» qui, tout en étant aconfessionnelle, pro– fessait « un profond respect pour la foi catholique de nos pères » avait justement choisi pour devise ce mot : Pro aris et focis. Et ce sont bien les forces catholiques qui ont fourni au Pays les Trèves, les Chanoux, les Stévenin, les Bréan, et bien d 'autres personnages marquants. Il nous plaît aussi de citer le cas de l'évêque Tasso, dont la nomination avait donné lieu à quelques craintes, parce qu'il était de langue italienne. Mais Mgr Tasso, loin de contrarier l'usage de la langue française, devint lui-même, ce sont les paroles du doct. Réan, « le plus puissant auxiliaire du Comité de la langue française auquel il daigna faire parvenir, en dehors de son adhésion person– nelle, le don de 250 lires pour les écoles de français. » Mgr Tasso publia également, sous la date du 10 décembre 1909, une lettre adressée au clergé en lui conseillant vivement l'étude et l'enseigne– ment de la langue française, par l'institution des écoles du soir. La parole à un observateur neutre. Mais revenons à la situation du français à l'époque de l'avè– nement du fascisme. Laissons la parole à un observateur neutre, le journal La Liberté de Fribourg (1928) : « Les fascistes qui veulent faire disparaître la langue allemande des hautes vallées du Tyrol, veulent aussi proscrire la langue fran– çaise dans la Vallée d 'Aoste et les vallées piémontaises du pied des Alpes. A Aoste, on a remplacé l'ancienne inscription : Hôtel de Ville, sur la façade du palais historique de la commune, place Charles-Albert, par celle de "Municipio". Ce fait complète toute une série de mesures prises contre le français depuis quelques années. C'est ainsi que, en 1925, les registres de l'état-civil, qui étaient encore rédigés en français, furent écrits en italien, bien que, depuis

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