BASA
216 IL Zanotto longtemps, les copies des actes qui devaient être envoyées en Italie étaient toujours écrites en italien, les employés communaux d'Aoste connaissant les deux langues. En 1926, le nouveau commissaire fas– ciste décida de remplacer tous les noms français des rues par des noms italiens. Dans les écoles d'Aoste et de la Vallée la langue française a pour ainsi dire disparu. Bientôt elle ne sera parlée que par les classes cultivées de la région. On est même allé jusqu'à proposer de supprimer l'épigraphe française qui se trouve sur le monument des soldats tombés dans la dernière guerre. » En effet le fascisme avait un programme radical, dont se fit interprète l'écrivain Salvator Gotta à l'occasion de la création de la « provincia di Aosta » ( 1926) : « Basta con certe velleità di autonomismi, basta con certi modi di esprimersi identici a quelli dei francesi, dei tedeschi e degli slavi ; le lingue straniere non debbono più essere dei dialetti italiani ; gli Italiani debbono parlare la lingua di Dante ». La polémique pour le monument aux soldats morts en guerre. L'affaire de l'inscription du monument des morts en guerre donna lieu à une âpre polémique entre fascistes et traditionalistes. Le premier à entrer en lice fut un journal de Verceil, Il Popolo Vercellese, demandant que l'inscription du monument aux soldats morts en guerre fût placée en italien. Les journaux valdôtains ré– pondirent unanimement en remontrant à cet adversaire de la langue française que les alpins valdôtains avaient donné au cours de la récente guerre maintes preuves de patriotisme, par leur conduite héroïque, par le haut pourcentage de morts. C'est pourquoi, dit la pres– se locale, il faut mettre l'inscription en français parce que nos morts parlaient en français, parce qu'ils entendirent en français la première voix humaine, celle de leur mère, la voix de leurs parents et de leurs amis ; parce qu'ils chantaient en français leurs chansons pleines de nostalgie ; parce qu'ils aimaient et vénéraient leur vallée où l'on parlait français, et ils n'auraient pu aimer l'I talie s'ils n'avaient aimé profondément leur pays. Nos journaux citaient les témoignages en faveur du français donnés par les personnalités illustres qui avaient adhéré au Numéro unique de la Ligue. Mais les raisons du coeur, du sentiment ne comptaient rien pour le Popolo vercellese qui voulait l'uniformité du langage au
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