BASA

Comptes rendus des séances XXV mémore le plus héroïque champion de l'indépendance valdôtaine, en sont encore à vouloir qu'on se bornât à mettre en relief ses convictions reli– gieuses, mais qu'on se tût sur l'inlassable activité qu'il a déployée, sur les luttes qu'il a soutenues, sur les inénarrables tortures qu'il a endurée pour l'affirmation de l'esprit patriotique valdôtain et pour la rédemption du pays . Cela les défrise d'entendre souvent exalter le grand apôtre du régio– nalisme, l'organisateur de la Résistance, le pionnier du fédéralisme euro– péen, le martyr de la cause valdôtaine. Bien loin de se pâmer d'admiration pour son oeuvre essentiellement patriotique, pour son idéal d'indépendan– ce, de liberté, de justice, pour les exemples et les enseignements qu'il nous a laissés, ils ont eu le toupet de vilipendier tout cela, ils eussent même souhaité le triomphe du fascisme, l'esclavage de la Vallée d'Aoste, la suppression de sa langue, de ses traditions. Oui, Chanoux fut un croyant sans peur et sans reproche, mais aussi le Valdôtain intègre et intégral qui voulait le bien être, la prospérité, l'au– tonomie de son pays et qui n'en perdit jamais de vue le salut. Chose étran– ge ! On a vu et l'on voit encore des incroyants qui ont assez d'honnêteté naturelle, assez de loyauté pour prendre fait et cause en faveur de nos caractères ethniques et de notre patrimoine linguistique et des gens d'église s'en montrer opiniâtrement hostiles. Que conclure de là ? Que ces chré– tiens n'ont qu'un christianisme de façade, que leur croyance n'est pas sin– cère ou que ces soi-disant croyants sont bouchés, obtus au point de n'avoir pas même la notion de leurs intérêts les plus vulgaires. Sans compter qu'ils s'enferrent, se mettent un doigt dans l'oeil, vont à l'encontre de la loi naturelle, de la loi divine, contrecarrent la doctrine des souverains pontifes qui ont toujours proclamé le respect des minorités ethniques. C'est du reste dans la nature du catholicisme de ne pas trop favoriser les nationalismes. Nous voyons tous les peuples, même les moins policés, aspirer à leur indépendance, qu'est-ce à dire sinon que les temps des natio– nalismes outranciers sont bien passés ? A l'heure qu'il est, personne ne peut disconvenir que même la langue d'un hameau et, à plus forte raison, la langue d'une région ne doive être intangible, sacrée et inviolable. Ajou– tons un dernier axiome assez apodictique pour ne pas en trouver trop de contradicteurs. Quiconque connaît tant soit peu l'histoire de l'Eglise sait trop bien que la cause principale de toutes les hérésies et de tous les schis– mes on doit la chercher dans l'orgueil national des peuples, comme les désordres moraux individuels on doit les chercher dans l'égoïsme. Or qu'est-ce le nationalisme exagéré si ce n'est l'égoïsme effréné de la nation ?

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=