BASA

La Savoie et la Vallée d'Aoste célèbrent, en même temps, le deuxième centenaire de la naissance de Xavier de Maistre qui, le 8 novembre 1763, voyait le jour à Chambéry. Vous avez voulu qu'en cette journée un Savoyard, ami de votre vallée, vînt évoquer la figure et l'oeuvre de Xavier de Maistre, et je voudrais exprimer au Gouvernement régional, à l'Académie Saint Anselme, à la Cité d'Aoste et à tous ceux qui se sont associés à cette initiative, ma gratitude et mon remerciement. Mais, par-delà ma modeste personne, il me semble que le choix de votre conférencier revêt une valeur symbolique : ni la France officielle, ni la France littéraire n'ont, que je sache, fêté ce bicentenaire. Peut-être parce qu'au-delà des Alpes les célébrités sont légion, mais sans doute aussi parce que l'auteur du Lépreux appartient essentiellement à notre patrimoine savoyard et valdôtain, et à la littérature universelle, sans devoir rien, ou presque, à Paris et à la Franc~ intellectuelle. Xavier de Maistre recevra, certes, le brevet de célébrité qu'est une étude de Sainte-Beuve mais, dans ce texte des Portraits contemporains que ce fourrier du Parnasse et cet ordonnateur des pompes littéraires, consacrera à notre écrivain, le critique s'étonnera de cette singularité. Xavier de Maistre lui apparaît comme le modèle de la réussite à l'état spontané et qui doit tout au naturel. Issu de cette Savoie « qui appartient étroitement et par ses anciennes origines à la culture littéraire française », dit Sainte-Beuve, « mais laissée de côté et comme en lisière », « il se trouve un conteur gracieux, délicat et touchant, sans y avoir visé ; il veut garder et cultiver discrètement sous tous les cieux sa bouture d'oli– vier ou d'oranger, sans croire que ce fût un arbuste rare ». Et de conclure : «Heureux homme, et à envier, dont l'arbuste attique a fleuri, sans avoir besoin en aucun temps, de l'engrais des _boues de Lutèce ! Loin de nous, en Savoie, en Russie, au ciel de Naples, il semblait s'être conservé exprès pour nous venir offrir ... l'homme