BASA

246 P. Guichonnet de la Restauration, qu'on attribuera couramment le Lépreux à la plume de Joseph. Il faudra attendre les éloges de Stendhal, dans le Courrier anglais et, surtout le fameux article de Sainte Beuve, en 1838. . De 1825 à 1839, Xavier de Maistre séjourne en Italie, . à Naples principalement, puis à Rome et à Florence, avec quelques voyages en Savoie et à Paris. Il tente, en vain, d'arracher à la consomption ses quatre en– fants, le dernier du nom, un garçon, mourant en 1839. Il échange une correspondance assidue avec ses amis et ses parents savoyards et valdôtains, mais de larges zones d'ombre enveloppent des pans entiers de cette vie, en apparence toute simple et unie. C'est ainsi qu'après la mort de sa femme, il détruira une masse considérable de correspondances et, peut-être, de journaux intimes. Ses récits inspirés par la Russie montrent l'évolution de sa manière vers un réalisme où, de plus en plus, l'auteur s'efface der– rière ses personnages, avec une concision dans l'image et une netteté dans le trait qui rappellent les pages les plus nerveuses de Prosper Mérimée. Sainte-Beuve ne s'y trompera pas, en rapprochant les deux écrivains. Mais si, chez l'auteur de Colomba et de l'Enlèvement de la Redoute, la technique du récit est supérieure, Xavier de Maistre a pour lui davantage de chaleur, sans ce pessimisme un peu cynique et ironique qui ricane toujours un peu à travers les pages de Mé– rimée. Sainte-Beuve dira du conteur savoyard : « Tout est de vrai chez lui ; rien du roman, il copie avec une exacte vraisemblance la réalité de l'anecdote». Ainsi de «l'histoire vraie » de Prascovie Lopulov qui, du fond de sa Sibérie, part solliciter la grâce de son père auprès du Tsar ; ainsi de l'épisode des Prisonniers du Caucase - qui inspireront à Tolstoï une oeuvre du même nom - où un officier captif est sauvé par la fidélité de son serviteur. * Mais arrivons-en à !'oeuvre la plus célèbre, ce Lépreux de la Cité d'Aoste, à ces quarante pages qui ont suffi à la gloire de Xavier de Maistre et qui ont porté si loin le nom, alors obscur, de la petite Rome des Alpes. Il s'en faut, cependant, que tout ait été dit sur la genèse de ce récit et Sainte-Beuve, en jetant dans nos yeux la poudre brillante de son style, a enraciné une interprétation traditionnelle à laquelle

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