BASA

248 P. Guichonnet que Pierre-Bernard Guasco, qui quittera ce monde en décembre 1803, à 52 ans, après avoir passé dans sa tour 30 ans, 5 mois et 21 jours. Il venait de perdre, en septembre 1791, sa soeur Marie-Lucie-Angé– lique, âgée de 32 ans, la touchante héroïne du récit maistrien. * C'est un dimanche de décembre 1792 que Xavier de Maistre, son frère Joseph et leur ami Maurice .de Sales, visitèrent le reclus et s'en retournèrent, fortement impressionnés. Mais le cadet des Maistre aura bien d'autres occasion d'y revenir. En effet, comme ses études avaient été fort décousues, son frère Joseph décida qu'il devrait profiter de son séjour à Aoste pour se remettre aux humanités et son futur beau frère, l'intendant de Saint-Réal, le confia à deux religieux de l'Ordre de Saint-Paul, deux barnabites valdôtains, les pères Balthazar Frassy et Alexandre Ubertin. Ce dernier donnait ses leçons à domicile, dans la maison de son beau– frère, le notaire Pétey. Cette maison avait une cour et un jardin contigus à la tour du Lépreux. Mais, de surcroît, l'avocat avait des filles et la plus jeune, Marie-Dauphine, enflamma le coeur du jeune lieutenant savoyard . Les demoiselles Pétey conversaient avec le lé– preux qui, du bout de longues pinces, leur offrait les fleurs de son jardin et Xavier prenait part, quelquefois, à ces entretiens. Mais cet émigré dont les biens étaient aux mains des Français, de l'autre côté des Alpes, et la solde bien mince, était un parti modeste. Aussi, le 3 février 1794, Marie-Dauphine épousait-elle - ou peut-être la mariait-on - avec le notaire Jean-Joseph Barillet fils d'un com– merçant enrichi par l'émigration en Hollande. Le pauvre Xavier fut fort marri et il a transposé sa déception dans la page où le Lépreux décrit la promenade des jeunes mariés : « Ils avançaient le long du sentier à travers la prairie et passè– rent auprès de moi. La délicieuse tranquillité qui inspire un bonheur certain, était empreinte sur leur physionomie ; ils marchaient len– tement, leurs bras étaient entrelacés. Tout à coup, je les vis s'arrêter : la jeune femme se pencha sur le sein de son époux qui la serra dans ses bras avec transport. Je sentis mon coeur se serrer. Vous l'avouerai-je ? L'envie se glissa pour la première fois dans mon coeur ». Pour se consoler, Xavier achève le Voyage autour de ma chambre, qui paraît en 1795, et il vaque à ses devoirs militaires. Il esquisse

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=