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Xavier de Maistre et la Vallée d'Aoste 249 également quelques scènes qui prendront place dans le Lépreux, ainsi que nous le prouve un carnet d'ébauches, demeuré dans les mains de sa soeur Jenny. Mais voici qu'après une année à peine de mariage le notaire Bariller meurt, laissant à Dauphine une petite fille née six jours après le décès de son père. L'idylle se rallume entre le capitaine et la jolie veuve. Dans leur correspondance, il est pour elle Joris et il la nomme Elisa. Dans les limites permises par les usages stricts du temps, il lui fait une cour assidue, avec des visites auprès du Lépreux, des envois de croquis et de dessins, des dédicaces touchantes. On jase - sans méchanceté - de ce roman. A cette époque, Xavier commence !'Expédition nocturne autour de ma cham– bre et c'est dans ce récit, apparemment sans lien chronologique avec le séjour à Aoste, puisqu'il ne paraîtra qu'en 1825, qu'il faut cher– cher un témoignage de son amour pour Elisa . Ainsi ce passage du chapitre XXVI : « Où est maintenant le zéphyr qui. agitait ·. tes cheveux noirs, Elisa, lorsqu'assise auprès de moi sur les bords de la Doire, la veille de notre éternelle séparation, tu me regardais dans un triste silence ? Où est ton regard ? Où est cet instant douloureux et chéri ? ». Nous aimerions, avec la curiosité indiscrète qui dévoile la vie des hommes célèbres, connaître un peu mieux cette Dauphine-Elisa. Hélas, nous n'en possédons plus aucun portrait et les lettres ou documents qui nous éclaireraient sur cet épisode ont été détruits ou ont disparu .. En fait, Xavier songeait à épouser son héroïne ; mais les Pétey ni les Maistre n'étaient enthousiastes, les uns objec– tant la maigre fortune, les autres la mésalliance. Une lettre de la soeur Jenny au frère Nicolas, dans l'été 1797, nous donne le ton : « J'ai fait hier la connaissance de notre future belle soeur, Madame Bariller. On ne peut être plus jolie et plus niaise, pour ne rien dire de plus ... Elle parle comme la dernière servante de la cité . Ah ! c'est une belle chose que l'amour ! ». En 1799, Xavier quitte la Vallée pour n'y plus revenir mais sa soeur note : « Il est parti, mais il a laissé son coeur à Aoste ». En 1800, à la veille de se fixer en Russie, il mande à Jenny : «Je te prie d'écrire un mot à ma Dauphine : il faut que tu fasses cet effort de générosité».