BASA

L'industrie de la Savoie (1880-1914) 265 de fabrication et la vente est alors réputée nulle. « A peine si cela suffit pour payer les impôts » qui rendent impossible ( 10.000 fr. par an!) la lutte contre les pays étrangers . Là encore, les statistiques de 1887 ne font pas mention de ces intéressants efforts. En cette même localité, les ateliers Agnellet (cotonnades et chapeaux) av.ec 50 ouvriers ( 1880) écoulent à Paris, 73 rue de Richelieu, une marchandise également fort appréciée par les touristes sur place mais de faible volume. Le Faucigny lui, maintient en 1887 4 filatures de laine ( 41 ouvriers, et 495 broches dont 75 inactives) et 3 tissages de chanvre occupant 20 personnes. Les premières alimentent les 7 tissages de Sallanches, Megève, Contamines et ·Chamonix, lesquels fournissent un gagne-pain à 46 travailleurs à ranger autant parmi les paysans que les artisans ou les ouvriers de fabrique. En fait, la seule industrie digne de ce nom dans le nord du département est l'horlogerie de la vallée inférieure de l'Arve. Il s'agit, en 1882, de plus de 1500 ouvriers, soit à Cluses 300 environ, à Maglans, Châtillon, Nancy-sur-Cluses, 596 (dont 245 isolés), à Montsaxonnex, Pontchy, Thyes, St-Pierre-de-Rumilly, St-Maurice et accessoirement Sallanches 536, qui tous alimentent un marché exté– rieur à la province point du tout négligeable. Pourtant, l'horlogerie ne saurait suffire à nous persuader que la structure industrielle de la Savoie de 1880-1890 ait été différente de celle du milieu du siècle . Les variations dans les chiffres de la main d'oeuvre laissent entrevoir de larges écarts saisonniers . Le nombre de femmes occupées dans l'industrie en 1887 est considé– rable en ce qui concerne le .textile: 527, et 244 jeunes filles encore ou à peine adolescentes contre 224 hommes. Et il s'agit, ici, en tout état de cause de salaires médiocres, considérés comme une res– source familiàle d'appoint (à Gévrièr - coton - en 1887 4 fr. 75 par jour pour un contremaître, 3 fr. 75 pour un ouvrier, 2 fr. 25 pour un manoeuvre, 1 fr . 75 pour une femme et 1 fr. 25 pour un enfant). On pourrait revenir au cas des horlogers du Faucigny attachés à un secteur plus vivant: or, une réflexion émise à Maglans nous donne ·à entendre que la vente n'est active qu'en raison à la fois de l'excellence des machines et de la modicité de salaires à propos desquels il nous est affirmé, à Cluses, qu'ils ne sont suffisants pour faire vivre une famille que là où travaillent de concert 3 à 4 hommes. Et que dire du père de famille seul à la besogne ?

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=