BASA
L'industrie de la Savoie (1880-1914) 273 Les ingénieurs sont, pour la France, originaires de Paris, Péri– gueux, Beaune, St-Florentin (Yonne), Saint-Martin ( ? ) , Grand'Croix (Loire) et pour la Suisse, Fribourg, Orbe, Cheny, Genève et Wu– renligen. Il faut y joindre deux Polonais. Il n'y a pas d 'Allemands, le seul de l'entreprise étant interprète. Pas de Savoyards non plus, les études scientifiques n'ayant, de tradition, guère eu jusqu'alors de rayonnement dans la province . Ainsi apparaît en Savoie aux côtés d'un nouveau Savoisien, ouvrier-paysan, un type certes original: le technicien, s'ajoutant aux seuls échantillons de l'ancienne France connus jusqu'alors: les fonc– tionnaires, les gendarmes et les touristes de la haute ou moins haute société. En conclusion nous ne pouvons manquer d'être frappés par les modifications de la physionomie industrielle de la Savoie dues , aprés 1890, à la simple transformation de l'énergie hydraulique en énergie électrique. L'abondance, la souplesse et le bon marché du courant à tension élevée ont aussitôt provoqué avec l'amplification d'industries préexistantes à rayonnement certes limité mais aux mains d'hommes entreprenants (papeteries, minoteries ...), la naissance d'acti– vités tout à fait nouvelles (produits chimiques à formules particulières, aciers spéciaux, métaux rares). Les capitaux sont alors venus tout naturellement de Grenoble, Lyon, Paris ou l'étranger . Il y a fallu l'achèvement parallèle d'un réseau ferré jusqu'alors déficient et sur– tout la marque de pionniers dont Paul Girod n'a été que le plus représentatif. Sans exagérer la place de cette évolution dans l'ensemble d'une province fort traditionaliste, il convient de noter que la montagne devenait précieuse par cela même qui y rendait auparavant tout progrès impossible: son climat et son relief . Enfin, la nouvelle distribution géographique d'une industrie n 'ayant rien à voir avec les villes, créait des types humains nouveaux annonciateurs d'une économie de mouvement aux perspectives pour l'heure indéfinies. Jacques LOVIE, docteur ès lettres professeur au Centre universitaire de Chambéry.
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