BASA
La sorcière de Saint-Vincent 289 Ces remous, ces agitations, ces contradictions entre les juri– dictions ecclésiastiques et ducales, désorientèrent le peuple, et créè– rent nécessairement parmi celui-ci un malaise spirituel et temporel, et une tendance d'arrêt et de sursis à exécuter des ordres qui, donnés aujourd'hui, pouvaient demain être contredits et annulés. Pendant ce temps des émissaires de tendance hérétique s'infil– trèrent dans les diocèses de Tarentaise et d'Aoste, cherchant à y diffuser leurs erreurs, croyant le terrain favorable et le moment venu pour conduire leur travail de disgrégation. L'autorité religieuse pourvut cependant à opposer une barrière à la diffusion de ces erreurs, par le moyen des tribunaux ecclésias– tiques créés dans chaque diocèse. Des membres du clergé nommés par le Saint-Siège furent chargés de s'enquérir des hérétiques et du genre des idées par eux diffusées, pour les combattre et ramener le peuple à l'observance de la vraie doctrine . C'est dans cet esprit et cette ambiance instable et contradictoire que nous voyons paraître, se dessiner et prendre forme, la figure ambigue et énigmatique de la sorcière de Saint-Vincent, Catherine de Chynal, à la fois guérisseuse et maléfique. Catherine de Chynal. Née à Bâle (Basilea) en Suisse, vers 1400, où elle fut baptisée, elle fut conduite jeune encore à Comtey (Contesium) en Valais, et reçut sa confirmation à Sion . Plus tard, abandonnée de son mari, elle vint s'établir à Saint– Vincent, mais au temps de la mortalité qui sévit dans la Vallée en 1427 n, pour s'éloigner de la contagion elle vint fixer sa résidence au village de Chenal (ou Chynal) situé près du château de ce nom, à Montjovet, d'où elle prit le nom de Catherine de Chynal, qui lui resta. Le péril de la contagion étant passé, elle se rétablit de nouveau au bourg de Saint-Vincent. (11) La contagion à cette date nous est confirmée par Mgr Duc, HEA, IV, p. 329. L'arche– vêque de Tarentaise qui accomplissait à Aoste la visite de la cathédrale et de la collégiale dut vite repasser les monts pour se soustraire à la contagion qui s'étendait dans la vallée, et avall pénétré jusqu'à Aoste. Nous ne savons pas de quel genre d'épidémie il s'agissait.
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