BASA
292 F. Gamba Dépositions des autres témoins contre Catherine de Chynal. Le 17 octobre 1449, au bourg de Saint-Vincent, dans l'auberge sous l'enseigne du frêne, « in domo albergature quod tenuit Frassi– dus » (ou tenue par Frassy), « in camera de retro », à la présence du frère Bérard, de Nicolas de Lydes, curé du lieu, et noble Symond Roffier, vice-châtelain de Montjovet, témoins : - Vullermet Franquin, bourgeois de Saint-Vincent, témom produit par le procureur de la foi, dépose que Catherine de Chynal est depuis longtemps beaucoup diffamée d'hérésie et de foi. Interrogé de qui il l'avait entendue diffamer, il dit que c'est de Boniface Ver– pilliot, et plusieurs autres desquels il ne souvient pas les noms, et spécialement des femmes qui avaient avec lui une « ressas » 15 en disant qu'elle était hérétique. Il ajouta qu'il entendit dire à Martin de Cruguarel que cette Catherine le battit avec une pelle à feu, « bernagium » 16 , ce gui lui causa une certaine infirmité par laquelle il resta longtemps malade. Item que 22 années avant, en 1427, au temps de la mortalité, il se réfugia à Chenal (Montjovet) dans la maison de la dite Catherine, où il demeura l'espace de trois semaines. Au mois de septembre, dans ce temps, «une nuit à trois heures de nuit» 17 (sic), Vullermet Franquin vit et entendit que Jean et Pan– taléon frères 18 , fils naturels de Catherine de Chenal, tous les deux en bas âge, regardaient par une fenêtre. « Oh ! oncle lui dit le petit Jean, voilà deux loups droits sur une pierre ! » et alors Catherine, entendant son enfant dire ainsi, rappela aussitôt les petits, les fit venir auprès du foyer, et les fit faire silence. Et après minuit, Vuller– met, toujours vigilant, vit par la même fenêtre une femme descendre vers le fond de la vallée, qui tenait quelque chose dans sa bouche, comme un loup prône, tandis que, en même temps, des yeux de Ca– therine émanait une étrange et vive lumière! ... Interrogé si Catherine avait dit quelque chose en ce moment, il dit que non, mais que peu après, se mouvant gracieusement, elle lui dit que « quelques mauvais bons (bonus pravus) devaient faire à Dieu des bonnes oeuvres ... ! ». (15) Ressas = Scie rudimentaire à propulsion hydraulique. (16) Encore actuellement bernâgio. (17) A cette époque on calculait les heures nocturnes séparément d'avec celles diurnes: une heure, deux heures, trois heures de nuit, etc. (18) A remarquer les noms de ces petits: le premier, Jean, correspondait à Jean Croy, apothicaire, et le deuxième, Pantaléon, à Boniface Mistral, tous les deux de Saint-Vincent, et amants successifs de Catherine. Le dernier, Pantaléon, est celui qui en pi;it la déiense en 1449.
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