BASA

294 F. Gamba estries et eystriones 22 et ses quy mal me font ». Ainsi fit Fran– çoise : trois matins des jours de mercredi, jeudi et vendredi, à jeun (jejunio stomaco) elle déposa son «seillon», son «.casset », ainsi que son « colliour » dans son jardin, et en disant les paroles préci– tées, avec sa verge de chêne « verberavit », roua de coups autant qu'elle put ses ustensiles, sans trop se préoccuper des éventuelles contusions qu'elle leur causait, convaincue que la destinataire en était la sorcière, et « illico » (sic), tout de suite, le lait de sa vache retourna, relinquerit » (sic). Huit jours après , Françoise vit Cathe– rine de Chynal au devant de sa maison, à Saint-Vincent, souffrante et infirme, laquelle lui dit: «Vous m'avez faite infirme quand vous avez battu un vase pour moi » ( propter me). A ces paroles Fràn– çoise répondit: « C'est bien que vous le sachiez !... ». Elle ajouta que quand elle eut dit ces paroles excitées avec Catherine de Chynal, était présent Antoine dit Régis (ou Rey), et que quand elle battait ses vases dans son jardin, son mari Pierre Deda lui dit que si le Seigneur Official savait ce qu'elle faisait il l'aurait rendue « cro– vam » 23 . C'était un euphémisme pour dire qu'il l'aurait dénoncée pour sortilège, et devant le public elle serait devenue une personne mauvaise ( crovam) . - Antoine, fils de Jean de Villod, alias Rey, bourgeois de Saint-Vincent, le 17 novembre 1449, « in hospicio Frossardi » dit qu'étant assis sur la porte de sa maison située en face de celle de Catherine de Chynal, il vit que s'y trouvait Françoise, femme de Pierre Déda, qui avait une dispute, « verba rixosa », avec Catherine. Le témoin entendit que Catherine disait à Françoise Déda : « On dit dans le village (per villam) que tu m'as battue!». Et Françoise lui répondit: « Moi je ne t'ai pas battue, mais j'ai battu mon chil– lion, mon colliou, mes escuelles et mes escuiers !!... - Marguerite, fille de Martin Hugonet de Petit Run, de Saint-Vincent 24 . Elle dit qu'il y a quatre années, elle était au service de Catherine de Chynal, où elle resta l'espace d'une année environ. Pendant cet espace de temps, il advint une fois que sa maîtresse était en colère contre elle, tandis que toutes deux allaient « in citu– rum », au cellier 25 , tellement que Catherine lui dit: «Va! et qu'une (22) Estries et eystriones = sorcières grandes et petites. (23) Crovam, en patois crôa = mauvaise, pourrie: crôa came la gâla. (24) ~éposition reçue par Pierre de Clavengarii, notaire, le 7 mai 1449, au bourg de Châtillon. (25) Citurum = petite cave ou crôtin au rez-de-chaussée, ou peu enfoncé en terre.

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