BASA
Au début de cet exposé 1 , il est nécessaire de prec1ser le sens du mot culture. Ce serait tourner la difficulté d'une définition que de le faire par la boutade du Président Herriot bien des fois citée: « La culture, c'est ce qui reste lorsqu'on a tout oublié ». La cul– ture est à la fois les soins donnés à l'esprit et aux occupations de l'esprit, et le résultat de ce travail c'est-à-dire la somme de connais~ sances assimilées dans le domaine aussi bien des Lettres et des Beaux Arts que dans les Sciences et les Techniques. Mais la cul– ture n'est pas un agrégat du savoir; elle est plutôt une manière et une facilité de penser, qui donnent à l'esprit la capacité de compren– dre et d'assimiler les idées et les techniques apportées par les au– tres. Alors les rapports culturels sont les échanges acceptés d'idées et de méthodes dans la recherche du vrai et du beau. Ils se situent aussi bien sur le plan individuel que sur celui des groupes humains. Les groupes humains qui se sont progressivement installés dans les vallées savoyardes et valdôtaines ont communiqué entre eux. Un même destin politique a réuni ces deux provinces selon des liens plus ou moins lâches. Et à la même date, 1860, elles ont été séparées politiquement pour être rattachées à des nations plus puis– santes en hommes, en économie et en culture organisée. La Savoie a gardé assez longtemps sa physionomie culturelle propre bien qu'elle s'alimentât à la culture française et le Val d'Aoste a assez bien sau– vegardé son individualité dans la patrie italienne. Mais les centrali– sations françaises et italiennes ont poussé à un amalgame, qui a presque éteint les foyers de culture provinciaux. En France, on com– mence à en sentir les inconvénients, non pas à cause de la perte de richesses culturelles authentiques, mais pour des problèmes d'équi- (1) Cet exposé n'était pas destiné à être publié. C'est une causerie faite à la Semaine Française de Châtillon (14-19 septembre 1964), organisée par l'Assessorat à !'Instruction Publique. Sur les instances du Professeur Ettore Passerin d'Entrèves et de M. André Za– notto animateurs de la Semaine, l'auteur a accepté la publication de sa causerie; mais il n'a pu reprendre complètement son texte et y ajouter toutes les références bibliographiques désirables. C'est un essai.
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