BASA
Les rapports culturels entre la Savoie et le Val d'Aoste 319 Val d 'Aoste et dans les vallées orientales des Alpes. Les admirables clochers romans valdôtains avaient d 'innombrables frères en Savoie avant 1794; le décret insensé d'un représentant de la Convention les a découronnés; seuls certains clochers de Haute Maurienne sub– sistent; ailleurs il ne reste que les bases et celles-ci n'inspirent que regret de n'avoir pas l'édifice roman complet 10 . Après 1100, le courant architectural Est-Ouest vers les vallées savoyardes semble se ralentir. L'extension du domaine des comtes, puis ducs de Savoie vers la vallée du Rhône apporte d 'autres in– fluences: bénédictine avec Cluny, cistercienne avec la multiplication des monastères de Saint Bernard . Ainsi l'art ogival savoyard prend plus ses sources à l'Ouest en Bourgogne et pour un temps il semble que les liens architecturaux entre Savoie et Val d'Aoste se soient très relâchés. Cependant les têtes de vallées -1 proximité des cols n'ont pas perdu le contact. Et l'on constate que l'art ogival s'y est peu répandu. On a été fidèle plus qu'ailleurs à l'art roman lombard. Aux XIVe et XVe siècles , l'Etat savoyard s'étend jusque dans le triangle de confluence du Rhône et de la Saône (Bugey, Bresse) . Cela explique que les influences se soient faites sentir dans le sens Ouest-Est jusque dans le Val d'Aoste . Mais à mesure que l'on s'é– loigne du foyer de diffusion, les exemplaires de l'art ogival sont moins nombreux . Après l'occupation française de la Savoie ( 1535-1559) , le duc Emmanuel-Philibert s'installe à Turin. Les vallées savoyardes vont de nouveau renouer des liens plus profonds avec leurs voisines d'Outre-Alpe. Pour la Tarentaise, c'est, en particulier pendant plus d'un siècle de 1630 à 1750, la reconstruction de la presque totalité des églises paroissiales . Un grand nombre de maîtres maçons ont franchi le Petit-Saint-Bernard; ils venaient du Val d'Aoste ou des vallées marginales comme le Val Sesia. Ce qui est particulièrement significatif des échanges , c'est de trouver parfois dans les prix-faits . des maçons valdôtains ou valsésiens mêlés à des tarins ou des fau– cignerands (en particulier de Samoëns). Nul antagonisme, mais une collaboration étroite pour les Eglises tarines qui gardent l'allure des maisons des villages dans lesquels elles sont bâties . Seuls quel– ques éléments architecturaux les distinguent: frontons brisés de l'en– trée, piliers cruciformes qui soutiennent les voûtes d'arêtes, grands (10) Voir RAYMOND ÜURSEL, L'art religieux du Moyen Age en Savoie, 1956, Gardet, 19 pp. et 24 planches.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=