BASA

328 L Colliard duché d'Aoste conçu comme un « Etat intramontain » 3 , jouissant de ses libertés et de ses privilèges, venait d 'être mortellement at– teinte par le coup apporté en 1770 aux institutions autonomes. Au surplus, sa conception politique, elle-même, était ouverte– ment combattue par le gouvernement turinois. Par ailleurs, aux esprits les plus avertis de l'élite du Pays, certains côtés de la pensée de Tillier paraissaient revêtir un caractère nettement archéologique. En réalité, la forme de l'ancienne autonomie, telle que J.-B. de Tillier l'avait envisagée, c'est-à-dire comme une entité nécessai– rement liée aux structures de la monarchie féodale , ne pouvait plus être proposée ; elle avait réellement fait son temps. Seulement certains milieux traditionalistes du clergé et de la no– blesse ont pu demeurer ancrés à l'esprit et à la lettre de la formule « tilliérienne », en rêvant d'un utopique rétablissement du « statu quo ante ». A cela près, il n'en est pas moins vrai que la sublime leçoh d'indépendance, de liberté et de patriotisme qui se dégage des fastes de l'ancienne autonomie et qui constitue le fond idéal et partant impérissable de l'oeuvre de Tillier, ne laissait pas que d'in– fluer encore sur les nouvelles générations . En méditant la partie variable de la pensée du secrétaire des Etats, les valdôtains soucieux de l'avenir du Pays se sont appliqués, ati cours du XVIII° et du XIXe siècles, à élargir les bases théoriques de la conception autonomiste, saisissant toutes les occasions pour réaliser concrètement une partie du moins de leurs postulats régio– nalistes, en les adaptant aux nouvelles situations politiques et aux différentes exigences sociales. C'est surtout à la nouvelle vague révolutionnaire de tendance soit jacobine, s·oit modérée, que revient le mérite d'avoir remédité les motifs historiographiques de Tillier, dûment élagués, et d'avoir agité la question .valdôtaine au temps de la Révolution et du Con– sulat, c'est-à-dire en un moment historique aussi défavorable que le précédent pour la cause des autonomies . '(3) Cette expression n'est pas de Tillier - Il l'a relevée de la Totius V allis Augustae compendiaria descriptio, composée entre 1660 et 1675, et qu'on continue à attribuer, suivant l'indication de C. Promis, au père Daniel Monterin: « Vallis Augusta igitur vulgari idiomate le Val d'Aouste est provincia non ultra nec citra sed intra Poeninarum Alpium montes collocata » - L'expression, qui semble répercuter la définition donnée par Eadmerus au XII' siècle, a d ans la Compendiaria descriptio une acception .5troitement géographique. Mais elle acquit une signification politique précise chez Mgr Bailly, dans la Déclaration du clergé valdôtain de 1661.

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