BASA
La persistance de l'idéal autonomiste 331 Les reg1mes successifs et éminemment centralisateurs de l'Em– pire et de la Restauration paraissaient faire définitivement échouer tous les espoirs d'une action concrète en vue d'un rétablissement de l'autonomie . Mais la flamme de l'idéal .ne s'éteignit point. Elle couvait en des couches assez vastes du clergé, du barreau, de la bourgeoisie mercantile de la ville, chez les notables des bourgs et des campagnes , alimentée par les souvenirs d'un passé pas excessi– vement reculé que l'oh prétendait glorieux, et, - faut-il le nippe– ler ? - par !'oeuvre de Tillier. · · A' ce point, il serait expédient d'étudier si et dans quelle mesure l'idéal autonomiste a influé sur les trois mouvements populaires connus sous le nom de révolutions des Socques. Faute d'une plus précise documentation à cet égard, il est impossible de résoudre pour le moment ce problème. On a cependant l'impression que les idéaux autonomistes ont dû demeurer étrangers aux Socques, mou– vement de nature légitimiste, essentiellement réactionnaire et san– fédiste. Quant à l'historiographie valdôtaine de ce temps, elle con– tinuait à décevoir ; elle était comme ankylosée en des formules érudites, auliques, ampoulées, et, qui pis est, elle .était souvent mou– lée sur des schémas préconçus. C'est le cas, nous semble-t-il, de !'Historique du Pays d'Aoste du chanoine Orsières, véritable essai d'interprétation « in chiave sabaudistica » de l'histoire valdôtaine et qui paraît se passer tout à fait des leçons suggestives d'un Tillier. Un ouvrage fait exception ; c'est le Traité des privilèges du Duché d'Aoste dû à l'humble savant et à l'honnête conservateur qu'a été le chanoine Nicolas-Anselme Marguerettaz. Composée en 1836, cette synthèse organique et malheureusement encore inédite, des anciens droits du Pays, se clôt par une déclaration surprenante, si on la rapporte au moment où elle a été formulée, c'est-à-dire que «la Vallée d'Aoste a le droit d'exiger que ses franchises et libertés soient respectées dans toute leur intégrité » 8 . On le voit, le culte de J.-B. de Tillier persistait. Nous en avons aussi le témoignage par les nombreux abrégés et résumés de son Recueil, qui ont été compilés d'une façon à peu près clandestine pendant la première moitié du XIXe siècle. C'est que ses écrits, toujours suspects étaient encore officielle– ment bannis. (8) J. Bréan nous a donné un résumé du Traité dans le XXVIIe B.A.S.A. Aoste 1949.
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