BASA

La persistance de l'idéal autonomiste 333 Or, ce n'est pas qu 'on veuille douter du rôle prépondérant que la Maison de Savoie a joué pendant presque dix siècles dans l'histoire valdôtaine, ou en amoindrir les mérites historiques incon– testables ; mais, certes, Chevalier était dans le juste quand il sou– tenait que plusieurs autres composantes doivent être considérées pour l'interprétation globale et objective de notre histoire. C'est précisément ce dont !'Historique d'Orsières n'a point tenu compte. Le grand thème de l'évolution du particularisme local et certains autres problèmes fondamentaux y sont passés sous silence. De là la réaction caustique et violente en même temps, de Chevalier, qui, en reprenant l'argumentation de Tillier soutient que « la Maison de Savoie n'était que protectrice du Pays d'Aoste et qu'elle n'avait pas le pouvoir absolu qu'elle y a usurpé plus tard ». A' l'encontre d'Orsières, qui ne consacre que cinq lignes au Conseil des Commis, Chevalier, transporté par l'enthousiasme, n'hé– site pas à déclarer que « le Conseil des Commis du Duché d'Aoste est l'institution la plus libérale qui ait jamais été donnée dans les Etats de la Maison de Savoie. C'était - écrit-il - une réunion des représentants de la nation, une véritable chambre des députés du Pays d'Aoste. Il fut complètement mutilé par l'édit du 13 août 1773. M.me de Staël avait donc raison de dire que la liberté est ancienne et que c'est le despotisme qui est moderne. Mais , M. l'historien, vous auriez dû vous étendre sur les droits, les préro– gatives et les immenses services d'un tel Conseil. Mais vous ne savez pas écrire l'histoire. Le pays d'Aoste était alors une nation. Les anciens régistres parlent des Etats d'Aouste ». L'abolition des anciennes institutions locales a constitué, selon Chevalier, «un malheur pour ce pays . Ce fut un énorme pas rétro– grade qu'on fit faire à l'état de sa législation. Il était depuis 1586 régi par son coutumier, dont tous les jurisconsultes admirent aujour– d 'hui la savante rédaction». « Par la publication des Royales Constitutions, ce pays fut privé de ses lois écrites en langue française et toutes réunies dans un seul volume, et il fut lancé comme le pays du droit écrit dans le dédale des lois romaines, dont l'accès n'était permis qu'aux juris– consultes seuls ». Quant à la parution du nouveau code civil albertin (1837). «C'est vrai - ajoute Chevalier - on l'attendait depuis longtemps. Et il paraît qu'on ne se soit décidé à le publier que lorsqu'on a vu 24

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