BASA

XIV Académie Saint-Anselme d'un zèle un peu poussé, plutôt ardent, fougueux, souvent il ne sut pas maîtriser son tempérament assez bouillant, impétueux. Toutes ses excellentes intentions, tous ses généreux efforts pour le bien des âmes, non seulement ne furent point couronnés de succès, ils n'aboutirent qu'à lui attirer les acrimonies du clergé et du peuple. Nous devons dire qu'il gouverna son diocèse dans une époque pas des plus heureuses, très critiques même. L'ignorance religieuse, la grande corruption des moeurs, les prétentions parfois exorbitantes du pouvoir civil, les em– piètements de certains seigneurs sur les biens de l'Eglise, l'apparition du protestantisme et les hécatombes de la peste dans la Vallée, les résistances de son chapitre, tout contribua à rendre intenable la situation de notre prélat. Mgr Berruti, ce zélé champion de la foi catholique et des libertés de l'Eglise, résolut de se décharger d'un fardeau trop lourd et il prit son parti de quitter le diocèse qui l'abreuvait d'amertume. Il mourut à Pavone dans la première moitié du mois de février de l'année 1525. Nous avons cru à propos de fournir, en guise de préambule, ces quelques notices avant de nous occuper de la relation de M. le docteur Berruti. Son étude biographique de Mgr Berruti a été présentée humble– ment en hommage au Souverain Pontife Paul VI qui a daigné l'agréer et la bénir par l'entremise de son secrétaire d'Etat. Le relateur a eu soin, après avoir indiqué l'origine de la famille de notre prélat, de nous en tracer l'arbre généalogique. Mgr Berruti naquit, vers l'année 1470, à Moncalier, d'un noble lignage. Son père Michel, châtelain de cette ville, était le médecin personnel du duc Amédée IX. Sa mère descendait de la très ancienne noble famille des Duc, originaire d'Asti. Le jeune Amédée Berruti se signala par l'exceptionnelle ouverture de son intelligence, si bien qu'à 20 ans il conquit à l'Université de Turin la palme de docteur en droit canon et en droit civil. Les emplois, les rôles les plus importants et les plus en vue lui furent confiés: conseiller municipal à Moncalier, vicaire général du cardinal Dominique de la Rovere, archevêque de Turin, ensuite de l'ar– chevêque Jean de la Rovere, fonctionnaire à la Cour pontificale de Jules II, plus tard négociateur, au nom de Léon X, du mariage du frère de celui-ci avec Philiberte de Savoie, Amédée Berruti s'acquitta de toutes ces fonc– tions avec plein succès. Pendant qu'il était à la cour de Jules II , il com– posa un dialogue ayant comme protagonistes lui-même, Amédée, et les personnages symboliques de !'Amitié, de !'Austérité et de l'Amour honnête. L'auteur, entre autres choses , y dépeint avec une brillante virtuosité de pinceau, virtuosité qui annonce déjà tout l'éclat et la pompe de la litté– rature humaniste, les tares de la Cour pontificale de cette époque. Cet opuscule, au point de vue littéraire, eut les suffrages les plus flatteurs des plus brillants écrivains de la Renaissance. La Providence ne permit pas que cette lumière demeurât plus longtemps sous le boisseau. Le

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