BASA
Comptes r 1 endus des séances XV siège d 'Aoste étant devenu vacant par la mort de Mgr Hercule d'Azeglio, Léon X jeta les yeux sur ce savant prélat qui avait acquis de vastes con– naissances non seulement dans les cours secondaires et universitaires, mais aussi dans ses voyages à travers les contrées d'Europe. Amédée Berruti fut nommé au siège d'Aoste le 13 juin 1515; il fut ensuite sacré à Rome et assista aux dernières sessions du concile du Latran où il se fit remarquer par ses discours véhéments en faveur des droits et des libertés de l'Eglise. Divers fléaux, la peste, le débordement du Buthier désolaient notre Vallée. Pour fléchir le courroux du ciel, les fidèles levaient des mains suppliantes vers le Seigneur, construisaient des chapelles . Le sanctuaire de N.-D. de Pitié près du Pont-Suaz, fondé par le notaire Guichard, secrétaire du chapitre cathédral le 30 août de cette année 1515 et bénit le 13 août de l'année suivante, était un centre de pèlerinages très fréquents. On recourait à la protection de la Vierge compatissante contre les hussites. Mgr Berruti prit possession de l'évêché d'Aoste par procuration, selon le mode accoutumé, seulement le 25 août 1516; le diocèse, dans cet intervalle, avait été régi par le vicaire capitulaire chan. Barthélemy de Pensa. Un différend surgit entre Mgr Berruti et le prieur de la collégiale, Charles de Challant, commissaire ducal, lequel exigeait au sujet du mobilier existant à l'évêché au décès de Mgr D'Azeglio, 10 écus d'or ancien du roi de France, outre 80 autres écus. On finit par s'accorder. Il n'était pas rare, en ces tristes époques, qu'après la mort des évêques, le palais épis– copal et la mense devinssent la proie des voleurs, des pillards, des spo– liateurs, des dévastateurs. Meubles, vases précieux, lingerie, ornements d'église, denrées alimentaires, dépôts d'argent, titres, documents, foin, chevaux, vaches, brebis, tout était emporté; jardins, prés, champs, forêts, tout était dévasté, rien ne fut épargné. Ainsi en fut-il, en l'absence du titulaire, après la mort de Mgr Hercule d'Azeglio. Le nouvel évêque devait en être navré. Léon X fit publier dans les églises du diocèse l'ordre aux détenteurs des objets de les restituer et aux dévastateurs des immeu– bles d'en réparer les dommages et cela sous peine d'excommunication. On ne sait à quoi aboutirent ces injonctions. Les conflits entre l'autorité civile, judiciaire et ecclésiastique donnè– rent maintes fois martel en tête à Mgr Berruti. Les magistrats, voyant de mauvais oeil que les laïques faisaient citer d'autres laïques devant le juge ecclésiastique pour quelconque action réelle ou personnelle, en prirent ombrage, recoururent au souverain et en obtinrent une provision qui leur donnait gain de cause. C'était léser impudemment les droits de l'évêque et anéantir presque entièrement la juridiction de son église. Le duc, recon– naissant le bien-fondé des protestations du prélat, voulut bien admettre que cette provision n'était pas applicable, s'agissant de contrats munis de serment.
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