BASA
134 L. -A. Coliiard En fait , par l'inspiration poétique plus docile et légère de Quinault 31 , par la grâce et le charme de la musique de Lulli, par les ballets féeriques, par une scénographie plus fantastique et somptueuse, ce genre nouveau répond mieux au besoin de divertissement d'une société frivole et pré– cieuse: il s'accorde aux goûts des coteries littéraires ainsi qu'à leurs idéaux esthétiques et, tout en s'inspirant de sujets classiques et mythologiques, sa– crifie bien souven t à une peinture de convention de l'amour, qui ignore les tempêtes déchaînées dans le coeur des héroïnes raciniennes 4 J . La dernière édition de l'oeuvre de Racine parue l'année même de l'échec de Phèdre ( 167ï) , ne présente pas de problèmes philologiques . Elle correspond à l'édition de P. Mesnard 41 , à celle de G. Truc 42 et enfin à celle qu'en 1931 E. Pilon et R. Groos en ont donné dans la collection La Pléiade. Par rapport à la dernière, les éditions précédentes ne diffèrent que dans l'orthographe. En effet, l'écriture étant en retard sur la pro– nonciation, qui pratiquement n 'a pas chang~ depuis l'époque de Racine, on a préféré, pour des raisons pratiques, moderniser le texte au point de vue orthographique, plutôt que de le reproduire tel quel. Les vieilles terminaisons verbales -ois, -oi sont donc devenues -ais, -ai 43 (exemple: il pouvait = il pouvait) et l'accent circonflexe a remplacé l's ( exemple: paraistre = paraître) . Nouvelles perspectives critiques. Aujourd'hui, en principe, non seulement les théories critiques se multiplient, mais parfois leur auteur se double du savant (sociologue ou psychologue) , auquel il emprunte une terminologie technique et une méthode scientifique. (39) C'est avec Alceste (1674) que débute une étroite collabaration, qui durera quatorze ans, entre Quinault, poète élégant et facile, et Lulli (d'orig~ne florentine), arbitre de la vie musicale française et créateur de l'opéra. (40) Tout genre littéraire est destiné tôt ou tard à s'épuiser, après avoir donné ses chefs-d 'oeuvre impérissables: il en est de même de la tragédie class ique, bâtie sur la règle des trois unités d 'Aristote, car elle est le produit d'un équilibre - qui ne peut durer longtemps - entre toutes les forces de la société et tolites les facu ltés de l'esprit. Après la retraite de Racine, une période de tnmsition s'annonce justement, tout étant imitation chez ses continuateurs. Remarquons encore que c'est des débris de b tragédie racinienne et de l'opéra galant de Quinault que se dégagera un r;enre nouveau, le roman, qui cepenchnt n'atteindra sa plénitude qu'au XIX' siècle. (41) Oeuvres de .Tean Racine par P. Mesnard, Collection Les Grands Ecrivains de France (8 volumes), Paris, 1865-70. (42) Collection Les textes français, Paris, 1929-30. (43) Proposée & s 1675, réclarn~e au siècle suivant par Volt:tiee, cette orthographe moderne ne fut admise par l'Académie Française qu 'en 1835.
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