BASA
138 L. -A. Colliard « dont on ne pourra plus se passer, parce qu'ell es sont à l'origine de la naissance même de la tragédie racinienne » 57 . Barthes y déploie toutes ses ressources dialectiques et s'y révèle comme le protagoniste d'une tentative de renouvellement et d'approfon– dissement de la critique littéraire, en opposant parfois à la logique des idées, chère aux universitaires , la logique des images, chère à la «Nouvelle Critique » 58 , qui représente peut-être un des mouvements intellectuels les plus intéressants de notre époque 59 . Lauro-Aimé Colliard. (57) Renaud Martignon, Arts, 22-28 mai 1963. (58) Etant donné, selon eux, qu'il n'est pas possible d'atteindre l'object ivité absolue, plusieurs écrivains modernes, sous l'enseigne de la «Nouvelle Critique», en sont venus à cette conclusion: que toute objectivi té est impossible et que le seul critérium valable auquel le critique doit s'en tenir est celu i de proposer « un » système subjectif de lecture. En con– traste avec toute la tradition des études li ttéraires, leur examen critique « d i un'opera si riduce percio a farla rientrare in uno schema già formu lato a priori, con tutte le forzature che cio necessari~mente determina ». (Cf. G. Mirandola, Compte rendu de l'essai de R. Picard sur Racine et fa «Nouvelle Critique », dans « Studi Francesi », n. 26, mai-aoGt 1965, page 358, S.E.I., Turin). (59) En réhabilitant ]'imagination poétique et en apprenant que tout a un sens, que le contenu manifeste d 'une oeuvre recouvre toujours un contenu latent, les études critiques du philosophe Gaston Bachelard (Poétique de l'espace, Presses Universitaires de France, P aris, 1958), celles de Geo:-ges Poulet (o.c., tome II , La distance intérieure; Préface à Littérature et Sensation de J.-P . Richard, Ed. du Seui l, Paris, 1954), ainsi que celle de Charles Mauron sur Racine (o. c.) et sur Mallarmé (Mallarmé l'obscur, Edit. Denoël , Paris 1941) et celle d'André Vachon (Le temps et l'espace dans !'oeuvre de Paul Claudel, Ed. du Seuil, Paris, 1965 ) ont ouvert la recherche critique à une nouvelle dimension des oeuvres. Nous tenons enfin à souligner que la critique française d 'avant-garde prend aujourd'hui de plus en plus conscience du fait qu'un « monde» poétique n'est jamais tm1t à fait intérieut" ni totalement extérieur à celui qui le crée. Le mot « monde » ne lui P<1:·aît plus qu'une simple métaphore désignant un ensemble d 'idées et de réactions provoquées par le milieu sociol. Pour elle, ce sont surtout les transformations successives du temps et de l'espace qu'on devrait suivre à travers !'oeuvre, si l'on veut vraiment atteindre une n!"lité spatiotemporelle susceptible d'expliquer l'évolution du poète.
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