BASA
La plus grande et la plus longue lutte que l'homme ait soutenue depuis les temps les plus reculés est celle pour la conquête de la liberté. Et cette lutte continue de nos jours aussi chez les peuples les plus évolués, chez ces peuples qui depuis longtemps ont conquis leur liberté. Car le terme de « liberté » s'enrichit chaque jour et s'élargit vers de nouvelles significations: voilà donc la nécessité de nouvelles conquêtes. Dans l'Antiquité et le Moyen Age cette lutte pouvait, dans une certaine direction, s'identifier avec la conquête de la propriété terrière. En effet, selon le droit ancien « le non libre ne peut être propriétaire, le libre seul peut l'être » 1 • Mais nous pouvons tranquillement renverser ce postulat et dire que la possession de la propriété porte à la liberté. « C'est, apparemment, - nous dit encore l'historien J. Calmette - du retrait du pécule servile, expression de l'incapacité civile du non libre, que provient l'axiome du haut moyen âge que le serf est taillable à merci (ad misericordiam domini) . » 2 La Vallée d'Aoste, si profondément féodalisée, n'a pas dû échapper à ce fait. Nous rencontrons en 1023, dans les domaines des seigneurs de Vallaise, un de ces appartenants à la classe servile passer reconnaissance de plusieurs pièces de terrain à François de Vallaise sous la taille à la miséricorde 3 • Cependant ces cas, chez nous, très rares déjà au début du XI 0 siècle, disparaissent du tout avant la fin du siècle. Le prof. Mor affirme même que « anzi non si accenni ai servi, già fin dal secolo XI: cio legittima la supposizione che tutti , nella Valle, fossero completamente liberi, e che l'unica differenza corrente passasse fra i nobili feudatari e i non nobili (più tardi detti roturier) » 4 • (1) Cf. J. CALMETTE, La Société Féodale, Librairie A. Colin, Paris 1942, pp. 110-111. (2) lnEM, op. cit., p. 111. (3) Nous lisons dans un inventaire de la famille de Vallaise le regestum de ce document: « Reconnaissance faite au seigneur François des seigneurs de Vallaise et a ses freres par Perronet et Jean Viettes de plusieurs pieces sous la taille a la misericorde, cinq deniers, un chapon et derny de servis - Instrument par Antoine de Jaquemin Bruni notaire, l'an 1023 ; en parchemin. Nota antiquitatem. Cotté E, numerotté 1 ». (cf. Archives Historiques Régionales, Vallaise, Cat. 8, Liasse I ). (4) Cf. G. MoR, Osservazioni sui Diritto Privato Valdostano dei secoli XI e X III, dans BASA, XXIII, Aoste 1934, p. 180.
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