BASA
XVIII Académie Saint-Anselme Les courtisans et même les souverains se montraient très exigeants. Le secrétaire ducal Jean Vuillet osa en remontrer à Mgr Berruti de ce que dans les lettres qu'il adressait au duc, il finissait avec la formule: «Votre très humble serviteur» . Fallait-il peut-être employer ces expres– sions: «Votre infime adorateur»? Notre évêque prend des mesures sévères pour combattre le protes– tantisme qui apparaît dans le diocèse. Plusieurs prédicants hérétiques du couvent de Saint-Dominique d'Ivrée propageaient leurs erreurs à Brusson, à Saint-Vincent, à Antey. C'étaient les années 1522 et 1523. Le pasteur du diocèse réussit à écarter les loups ravisseurs par la prière et par les menaces des peines spirituelles et temporelles. A cet effet, il invita les fidèles à assister tous les vendredis dans toutes les églises à la messe qu'il avait instituée en l'honneur des cinq plaies pour être préservés des machinations des luthériens et de l'invasion des turcs. Le duc Charles II se plaisait de temps à autre à tracasser les corpo– rations religieuses. Il autorisa ses officiers à s'emparer des bénéfices vacants. Le 17 avril 1523, le prince en vint à une transaction avec Mgr Berruti. Notre évêque tint encore le synode diocésain le 12 mars 1524; bien peu de curés y intervinrent, car la peste faisait rage dans la Vallée. Le dernier synode fut encore convoqué en 1525, les premières semaines de cette année. Mgr Berruti, dit un chroniqueur de l'époque, fut un grand ennemi du vice et du relâchement. Ayant entrepris de réformer certains abus qui s'étaient glissés parmi les peuples, durant le mouvement des guerres et de tuer le poison de l'hérésie, qui se répandait dans le voisinage de son diocèse, il ne put en venir à bout; dégoûté il se retira à Ivrée. Mgr Berruti fut le huitième évêque non valdôtain. Pendant 468 ans, c'est-à-dire depuis 1399 , date du décès de Mgr Ferrandin, jusqu'en 1867, commencement de l'épiscopat de Mgr Jans, tous nos évêques nous vin– rent ou du Piémont ou de la Savoie. La cour de Turin considérait les chefs des diocèses comme des éléments utiles pour sa politique centrali– satrice qui commence avec le règne d'Emmanuel-Philibert jusqu'à Charles– Emmanuel III. Nous ne pouvons souscrire à cette assertion d'un historien valdôtain, très méritant par ailleurs: «Durant cinq siècles, la noblesse de la Savoie et celle du Piémont eurent le privilège presque exclusif de nous fournir des évêques, tous très dignes et zélés pour le salut des âmes mais... insouciants de nos privilèges, de nos habitudes et de nos traditions locales ... ». Cela n'est pas du tout vrai. Parmi les autorités - politiques, judiciaires, administratives - venues du dehors , nos évêques bien qu'é– trangers, furent les seuls à comprendre nos problèmes, à respecter notre minorité ethnique, à prendre fait et cause en faveur de nos privilèges, de nos usages , de nos traditions . En cela ils tinrent bon. Ils ne fl échirent pas, ils ne furent point liges au pouvoir centralisateur. Honneur à eux !
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