BASA

190 A. Zanotto gnage là-dessus est par conséquent à prendre avec bénéfice d 'inventaire. Sur les événements valdôtains relatés, une distinction s'impose, à mon ffi(')deste avis, entre ceux ayant une valeur de témoignage direct et ceux, au contraire, que l'archiprêtre de Gignod apprit à travers le témoignage d'autres personnes ou puisa dans des ouvrages contemporains. Il n'est pas toujours aisé de faire une distinction de ce genre, dans sa Relation. Je la propose cependant à ceux qui voudront exploiter son ouvrage en lui at– tribuant une valeur de « source >Ü En lisant l'historique de François-Joseph Frutaz, quelqu'un se deman– dera s'il valait vraiment la peine de le publier intégralement. Je l'ai fait avant tout pour éliminer tout risque de méses time ou d'engouement à l'égard de cette oeuvre: cela arrive souvent quand on ne connaît pas un texte dont on a longtemps entendu parler. La publication intégrale de la Relation permettra également d'apprécier les réactions d'un eccl6sias– tique valdôtain face à des événements tellement bouleversants que ceux qui se ~rifièrent entre la fin du XVIII° et le commencement du XIX 0 siècles . l_L_9in de l'extrémisme révolutionnaire d'un père Favre ou de l'opiniâtreté réactionnaire d'un abbé Brunod, pour ne citer que les deux cas les plus retentissants de chez nous , !'archiprêtre Frutaz sut regarder les faits dans lesquels lui-même trempa, avec l'oeil de l'historien. Mais la rédaction de son travail eut lieu à l'époque de la Restauration, quand certaines blessures du temps des jacobins étaient devenues moins dou– loureuses. Telle et telle de ses considérations sont bien dures à l'égard des « patriotes », des partisans du « système ». Mais ses jugements sur les faits sont rarement des apriorismeS) C'est pourquoi se trompait assez grossièrement cet auteur qui , ne connaissant pas son texte, l'assimilait à l'abbé Martin Brunod 26 • Royaliste il le fut , cela va sans dire, comme tout bon prêtre placé dans la juste tradition de l'Eglise, mais l'attribut d'« ardent royaliste» que lui prête Ferdinand Fenoil avec François-Gabriel Frutaz, a besoin d'être nuancé. ;'~ Le texte de la Relation est incomplet, clans le seul manuscrit que nous en connaissons . Ce texte est contenu clans un volume relié en peau, mu- (26) Cf. J. L ÂLE-DÉMOZ, Coup d'oeil rapide sur la production historique et scientifique du pays d'Aoste, dans: « Soc. acad... vingt-quatrième bulletin » cit., p. 188. L'abbé Jean– Martin Brunod (1747-1826) est l'auteur de deux ouvrages qui l'ont fait mettre au rang des « philosophes valdôtains >>: Le Napoléonisme, Turin 1814; Réflexions philosophiques sur les rapports de l'intelligence créée avec l'intelligence créatrice, et sur les moyens que la divine Providence a préparés à l'homme pour arriver au bonheur, Paris 1818. Le pamphlet antinapo– léonien lui aurait été inspiré «par sa détention de cinq mois au couvent de Verrès, à titre de suspect au gouvernement de Napoléon ». La rentrée de Napoléon de l'île d'Elbe, poussa l'abbé Brunod à écrire un Supplément au Napoléonisme, demeuré inédit (le ms . est conservé aux archives de l'Académie Saint-Anselme) où l'argumentation remplace souvent l'invective du précédent pamphlet. Les idées de l'abbé Brunod ne sont jnmais originales. Ses thèses sur le fondemen t du pouvoi r politique, par ·exemple, ne sont que l'écho de la plus pure tradition :atholique, de saint Paul à Bossuet. Les écrits de ce curé de montagne révèlent toutefois une vaste érudition, une louable maturité d'écrivain dans l'exposition et Le style. Sur l'abbé Brunod, cf. M. D URAND, Causeries littéraires et historiques, Aoste 1961 , p. 90.

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