BASA

Témoignages et documents 193 suspendit et abolit les voeux de religion, ensuite sous de spec1eux et diabo– liquement inventés pretextes elle decreta et executa la spoliation generale du clergé et par un serment de schisme et d'erreur elle chassa tous les pretres fidelles à leur religion et à leur conscience. Ensuite par une seconde assem– blée ces pretres sont bannis ou immolés. La troisieme poursuit ceux qui ont echappé aux premiers legislateurs. Les prévarirnteurs eux memes sont condamnés à un nouveau genre d'apostasie; il faut, pour satisfaire à leur impieté, renoncer au titre et au caractere sacerdotal, ce qu'on appella le serment d'Albithe. Dez cette fatale epoque tous les pretres de la France disparurent: les uns furent massacrés, les autres entassés dans les prisons attendent à chaque moment le meme sort et d'autres n'echappent au glaive que pour perir sous la guillotine ou bien dans des vaissaux que l'art atroce des soupapes engloutit avec toutes les victimes dont on a soin de les charger. A Paris seulement dans un jour on en massacra trois cens qui refu– serent constamment le serment, et ce fut dans l'eglise des Carmes où on les enfermat avec l'archeveque d'Arles, et où ils signerent de leur sang la constance heroique de leur foi et de leur fid elité à la religion. Après ce premier essai d'attaque où les Jacobins signifierent leur rage contre la religion et ses ministres, il sortit une loi de deportation et de bannissement contre tous les pretres non assermentés. Les uns se retirerent en Angleterre, les autres en Russie, beaucoup entrerent en Savoye et dans le Piemont, d'où ils passerent en Italie pour y vivre de la charité des peuples. Ensuite, pour essayer leur second projet qui consistait de détruire toutes les tetes couro1inées, les chefs des conjurés declarent d'abord la guerre à l'Espagne qui, ne pouvant soutenir l'ardeur demesurée de nos republicains et se voyant prette à succomber, fit une paix houteuse, sous ces conditions que l'Espagne reconnoitroit la Republique Françoise, qu'elle la seconderait pour la defensive comme pour l'offensive et qu'elle payerait un certain nombre de millions à la France. De là les republicains porterent leurs armes dans la Hollande et en chasserent le sthadouder et par toutes les trahisons imaginables ils l'obli– gerent à des impositions les plus onereuses. Ensuite ils attaquerent l'empire et s'emparerent de plusieurs electorats et, pour passer en Italie qui etoit devenue l'objet de leur haine, il[s] declarerent la guerre au roi de Sar– daigne en 1793 et entrerent en Savoye ayant a leur tete le general Montes– quieu, le 22 septembre de la meme année 30 . Cette entrée occasiona l'emigra– tion de la plus grande partie du clergé dont une partie resta dans la Suisse et en Vallais, l'autre partie vint dans le duché d'Aoste et d'autres en Pic– mont, pour eviter le sort du clergé français . Neammoins il y en eut plusieurs tant du clergé seculier que regulier qui furent la dupe de la ruse des Français, quoique le pape Pie VI avoit condamné ce serment comme plein d'erreur et de mensonge, et se lierent par serment d'obeir à la constitution civile du clergé émanée de Paris en 1792. Ce serment fut bientot suivi d'un second plus execrable et plus impie, et ce fut celui d'Albithe, qui determina la saine partie du clergé à s'emigrer, ce qui fut cause que la Savoye ainsi que (30) Il y a ici une erreur de date. Ce n'est pas en 1793 qu'eut 11eu l'invasion de la Savoie de la part des troupes françaises, mais précisément en 1792, la nuit du 21 au 22 septembre. Cf. infra p. 231. 13

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