BASA
194 A. Zanotto la France demeurerent sans culte exterieur de religion, les eglises furent vendues et démolies, les autels renversés , les clochers abattus, et l'on vendit les biens ecclesiastiques qui furent achetés avec des assignats. Le jour que les troupes françaises entrerent dans Chamberi, celles du roi de Sardaigne se retirerent sans ordre et il y eut beaucoup d'officiers et de soldats qui perdirent leurs équipages . On tenta de faire quelques resis tance dans la haute Savoye, les paysans meme donnerent en cette occasion de grandes preuves et de leur devouement à leur religion et de leur fidelité à leur souverain; mais soit les Piemontais qui n'étaient pas assez en force , soit les paysans qui manquerent de munitions , tout fut obligé de plier, tant etoient nombreux les traitres qui servaient sourdement l'armée ennemie. De sorte que les troupes du roi de Sardaigne passerent en confusion partie sans armes, partie sans bagages et tous crottés, les deux Saint Bernards et arriverent en Aoste dans le plus grand abattement. La terreur devint si grande dans la Savoye à cette epoque que quantité de familles quitterent leurs foyers pour venir en Aoste se soustraire à la fureur des Français, entr'autres beaucoup de nobles, gens de lettres, et ceux qui avaient preté secours aux troupes piemontaises. La Savoye ainsi occupée par les Français fut organisée incontinent et eut le nom de departement du Monblanc. On créa pour evéque constitutionel un pretre nommé Panisset, curé de Saint-Pierre d'Albigni, qui fut sacrilege– ment sacré par l'eveque constitutionel de Lyon; mais il fut tellement rejetté et avilli par ce qui restait encore de gens attachés à la vraie religion, qu'il sortit d'Anneci où il faisait sa residence et où il avait fait des ordinations, qu'il se rendit à Lausanne et y fit la retractation de son serment et de son schisme entre les mains des vicaires generaux du diocese. Du depuis on n'y en a plus établi, jusqu'en 1802 que l'ancien eveque de Dijon, Mr. Merenville, fut nommé par Bonnaparte qui de general de l'armée d'Italie avait reussi de penetrer en Egypte où il se rendit maitre d'Alexandrie et du grand Caire et où il perdit la majeure partie de son armée fatiguée par la conquete de l'isle de Malthe, qui avait précedé son debarquement en Orient et qu'il prit par la trahison des mécontants de l'isle qui favorisaient et adoptaient le sisteme conspiratif. A son entrée en France, ce general sut gagner l'estime des troupes, cassa le Directoire et changea la face des choses. Il prit un parti moderé et arriva à etre installé premier Consul, et c'est sous ce nom et dans cette qualité qu'on le designera dans la suite de ces relations. Les troupes françaises , après avoir profité des depouilles des em1grés tant pretres que seculiers, et infecté la Savoye de l'impieté de leur sisteme destructif, tenterent de passer les Alpes pour penetrer en Italie. Ils s'empa– rerent d'abord de Nice et essayerent de passer dans l'isle de Sardaigne où ils ne purent penetrer. Ensuite ils eprouverent diverses tentatives dans les passages soit du petit St-Bernard, soit du coté du col du Mon en Valgrisanche, soit du coté de Courmayeur par !'Allée Blanche. Les troupes du roi de Sar– daigne avec les milices du pays leur firent front pendant tout l'hiver de 1793, jusqu'à ce qu'enfin ils reussirent avec l'argent de corrompre les commandants des posts et entrerent dans le pays par le petit St-Bernard, malgré les retran– chements formidables que le roi avait fait elever au fort du prince Tomas à La-Thuille avec des depenses excessives, tout ainsi que dans le col du Mon à Valgrisanche, et descendirent à La-Thuile le 24 d'avril 1794, jour de Saint-
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