BASA

196 A. Zanotto leur avoit accordée, ce qui arrive ordinairement en temps de guerre. Et au bout de trois ans on tut obligé de diminuer la valeur de cette monnoye à cause de son discredit, de sorte que les pieces de 20 sols furent reduites à 6 sols et celles de dix à deux, ce qui occasionna des pertes considerables aux particuliers. Ensuite on fit remonter leur valeur à 8 sols et à quatre, où elles demeurerent longtemps . Ce qui arriva pour les billets de finances: on commença par retrancher le cours de ceux de 10 livres et de 15 qu'on échangea; ensuite on en crea de nouveau, pour remplir le montant de leur somme, et ensuite on rappella au change ceux de 25 et de 50, à cause qu'on en trouvoit un grand nombre de faux, et on laissa ceux de 100, de 200 et de 300. Ce qui dura jusqu'à l'epoque du détronement du roi, où le gouvernement provisoire établi à Turin par le general Joubert commença par en reduire la valeur à un tiers et acheva quelques mois après à les detruire radicalement, de sorte qu'ils n'ont plus servi que pour acheter les biens ecclesiastiques qui avoient été declarés nationaux. On vint meme à ce dégré d'injustice et de fripponerie, que, quoique annullés par decret du même gouvernement, au grand détriment de la province et des Etats, ils etoient achetés à prix idéal. Et on en fit un tel commerce que des particuliers avides s'enrichirent des biens de l'Eglise et profiterent de la restriction du gouvernement pour occu– per des biens sacrés à un prix qui ne devoit plus exister. Et telle fut la fin des billets des finances. Depuis l'époque où le roi de Sardaigne avoit fait sa paix avec la France, et que les troupes republicaines defiloient par ses Etats à ses fraix pour envahir l'Italie, le roi Victor-Amé III ne survecut pas longtemps apres les brefs qu'il obtint du pape Pie VI soit pour le retablissement des fetes dans ses états donné à Rome le 4 juin de 1794, soit pour le jubilé qu'il demanda pour reconcilier ses sujets avec Dieu, et qui eut lieu en 1795. Il mourut en septembre de 1796 et eut pour successeur au throne Charles-Emmanuel IV son fils ainé et prince de Piemont, prince juste et religieux dont le regne devoit annoncer une vraie felicité à ses sujets, s'il n'avoit été court et troublé par les factions seditieuses des mauvais sujets qu'il avoit autant dans sa cour que dans ses Etats. Le premier soin du nouveau roi fut de main– tenir la concorde avec la France qui lui avoir assuré et garanti ses Etats. Il fit part au Directoire de Paris (ce nom a été donné à ce nombre d'hommes impies et scelerats qui gouvernoient alors la France) de la mort du roi son pere par une lettre dattée de Moncallier le 16 octobre 1796. Il en obtint une reponse tres affectueuse en apparance <lattée de Paris le 24 octobre de la meme année, et la maniere avec laquelle cet infortuné roi a été dethroné prouvera dans la suite de ces relations quelle fut la sincerité du Directoire. Après ce premier devoir qu'impose une alliance, le nouveau roi Charles– Emmanuel s'appliqua à donner des loix pour reprimer les abus introduits sous le regne pacifique de Victor son pere. Il défendit d'abord la sortie des grains hors de ses Etats sous de grieves peines. Il abolit tous les droits feudaux et les premieres genitures, en date du 29 juillet 1797, et annulla par la meme loi tous les fideicommis, et voulut que la nomination des juges qui dependoient de la jurisdiction des seigneurs, lui fut reservée.. Rien n'echappoit à sa vigilance. Il se proposoit de reformer sa cour et tous les magistrats et de faire executer la justice avec toute la diligence et exactitude possible. Et comme les dettes de l'Etat etoient devenues considerables par rapport aux

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