BASA

Témoignages et documents 197 fraix immenses occasionnées par la guerre et la mauvaise administration de son pere dont la bonté surpassait les forces, Charles-Emmanuel reforma sa maison, il se reduisit avec les princes ses freres à vivre en commun, au lieu de l'argenterie il ne se servit que de la fayance, et son trein etoit très éco– nomique. Malgré cependant une si sage prévoyance et des mesures s1 justes pour obvier au besoin de son peuple et pour ne pas l'accabler par des impots extraordinaires nonobstant les fortes urgences de l'Etat, il se formait de terribles conspirations dans le secret pour revolutionner le royaume. On en decouvrit d'abord les auteurs qui avaient des correspondances à Paris, et ce fut un certain Chantel et Junod qui éprouverent les premiers la rigueur des loix 31 . On fit ensuite de recherches exactes pour decouvrir des complices, et malgré tout ce que le gouvernement pouvait operer en pareilles circonstances pour arreter les principes d'une revolution, les agens revolutionnaires etoient en trop grand nombre dans toutes les villes pour empecher qu'il n'en trans– pirat quelques échantillons. On fesoit tous les jours des exactes recherches pour decouvrir les opinions, rien neammoins n'empechat la communication des ennemis du dedans avec ceux du dehors , tellement qu'il se fesoit des attroupements en secret qui n'attendaient que des occasions pour eclatter. On mit meme à Turin le feu en plusieurs endroits, afin que l'on put dans cette occurrence de malheur, s'emparer de la citadelle de la ville et de l'arse– nal, ce que l'on attentat à l'epoque du feu que l'on avoit donné à Vererie, et que la milice urbaine prévint sagement en le gardant exactement . Ces dispositions des malintentionnés de l'Etat donnerent lieu aü roi d'envoyer à Paris un courrier extraordinaire à son ambassadeur le comte Balbo pendant la nuit du 16 avril 1798, pour informer le Directoire des menaces des revolutionnaires et pour savo!r s'il avoit quelques parts à ces remuements qui troubloient l'Etat, d'autant plus que n'ayant donné 2.ucune atteinte à l'allience faite entre la Republique et l'Etat du Piemont il etoit de son interet de savoir si elle le protegeoit contre les malveillants ou si elle remuoit son Etat par des agens secrets pour s'en emparer, é~ant resoulu d'abdiquer la couronne volontairement si tel devoit etre son sort. Quelqu'esperances flatteuses qu'eut donné le Directoire de Paris en fesant entrevoir qu'il n'avoit aucune part à ces troubles, les ennemis de l'Etat continuaient cependant à preparer leur coup, sachant que le Directoire de Paris ne ferait aucune demarche pour arreter le progrès de la revolution piemontaise qui devoit leur preparer une proie desirée. Ainsi le roi, voyant que ses ressources d'appui alloient lui manquer et que les ennemis interieurs de son Etat marchoient tete levée, et que les attentats de la sedition se for– maient tous les jours, il donna un édit <latté du 19 avril 1798 par lequel sa Majesté invitoit tous ses sujets bien intentionnés pour le gouvernement (31) Une autre main a ajouté cette note au pied de la page: «M. Mellé Üyen dans son opuscule De la viabilité dans la Vallée d'Aoste, Turin 1881, pag. 70, nous dit qu'ils furent exécutés à Turin en 1794 ». Jean-Joseph-Marie Chante! et Jean-François Junod furent condamnés à la peine capitale à Turin, 1e 9 juillet 1794, sous l'inculpation d'avoir appartenu at! club jacobin dirigé par Guil– laume Cerise. Cf. N. BIANCHI, Storia della monarchia piemontese da! 1773 sino al 1861, II, Torino 1878, pp. 541 et sqq.; G . SFORZA, L'indennità ai giacobini piemontesi perseguitati e danneggiati (1800-1802), in « Biblioteca di storia italiana recente », II, Torino 1909, pp. 326- 328; J.-A. Duc, Histoirf cit., IX, p. 117.

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