BASA

Témoignages et documents 199 de Chivas, Novare, Alexandrie et Suse, et firent prisonniers tous les chefs des corps de troupes du roi qui etoient dans ces places . Ensuite ils entrerent pendant la nuit à Verceil et en surpriren t les sentinelles et les troupes . Cette conduite innattendue des Français à l'egard du roi de Sardaigne firent bientot presager qu'ils voulaient le Piemont à leur disposition, non obstant toute la fidelité que le roi eut gardée pour le traité d'allience que son pere avoir fait avec la Republique, et on voit par là la droiture et la sincerité feinte du Directoire de Paris. Le roi pour se justifier auprès de son peuple et de l'Europe entiere sur sa conduite, donna un manifeste datté de Turin le 7 decembre 1798 signé Damiano , qui fait voir aux yeux du public avec quel zele et quelle fidelité il remplit toutes les conditions du traité avec la France, soit en fait de fournitures soit en fait de vestiaire et de munition pour l'armée d'Italie, en conformité du traité d'alleanza où il n'avait point été stipulé de livrer ni la citadelle de Turin ni l'arsenal et que cependant il s'etoit fait un devoir de seconder les demandes du general Brune, sans en avoir pu connaitre les desseins, que sa franchise n'aurait pas dû occasioner aux Fran– çais stationnés dans la citadelle de s'armer contre la ville meme, ni obliger l'ambassadeur de la Republique à s'y refugier en fesant enlever de son palais de residence le tricolor et le bonnet de liberté qu'il y avait placé, ni meme d'arreter un courier de sa Majesté qui venoit de Paris avec des lettres pour la legation d'Espagne et sa Majesté sarde. Malgré cependant toute la justice de ce procedé du roi, toute la prudence et le desinteressement avec lequel il se comporta en faveur des Français, il fallut cependant céder aux vues poli– tiques de la nation française et devenir la victime de la ruse la plus atroce et la plus perfide du Directoire qui avoit promi l'imovibilité du gouvernement de sa Majesté, et succomber à la trahison de ses mauvais sujets. Et ce fut la nuit du 8 decembre 1798 que l'infortuné roi Charles-Emmanuel IV vit entrer dans son palais le general Joubert qui lui annonça sans delai où d'etre prisonnier ou de se retirer en Sardaigne avec sa famille royale. Il partit donc vers la minuit escorté autant par les Français que par ses troupes pour se rendre à Parme, et de là il passa en Sardaigne où mourut le prince Maurice-Marie-Joseph duc de Monferrat qui avoit été en Aoste pour com– mander les troupes du roi lors de l'envahissement de la Savoye et qui y a laissé des monuments de sa pieté et de sa charité. Avant son départ, le roi fut obligé de donner un manifes te à son peuple, où l 'on voit évidemment de quelle maniere sa volonté fut violentée, dont voici la teneur : Art. 1. - Sa Maj esté declare renoncer à l'exercice de tout pouvoir, et avant elle ordonne à tous ses sujets quels qu'ils puissent etre d'obeir au gouvernement provisoire qui va etre etabli par le general français . 2e art. - Sa Majesté ordonne à l'armée piemontaise de se regarder com– me partie integrante de l'armée française et d'obeir à son general en chef comme à elle meme. 3e art. - Sa Majesté desavoue la proclamation repandue par son mi– nistre, et ordonne à Mr. le chevalier Damian de se rendre à la citadelle de Turin comme garant de sa foi et sa ferme intention qu'aucun recours quel– conque ne puisse etre porté contre le present acte émané de sa propre vo– lonté. 4e art. - Sa Majesté ordonne au gouverneur de Turin de recevoir et de faire executer exactement tous les ordres que le general français corn-

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=