BASA

Comptes rendus des séances XXI banlieue d'Aoste comme Porossan, Signayes, Arpuilles, Excenex, Saint– Martin-de-Corléans ne duraient que six mois, c'est-à-dire de la Toussaint à la fin avril et n'allaient que jusqu'à la prétendue 3me primaire. Pour fré– quenter la 4me et la 5me il fallait se rendre à Aoste. Il n'y avait pas chez nous un cours magistral pour les garçons; pour happer une patente d'ins– tituteur il fallait suivre les écoles normales de Pignerol. La Vallée d'Aoste, sans le secours de l'Etat, pourvoyait dans les hameaux à l'instruction publique et institua partout les petites écoles des siècles passés, en dépit de l'extrême pénurie de ses ressources. Le monastère et collège de Saint-Béning fut pendant des siècles un vrai foyer de lumière et un grand centre de vie intellectuelle, où accourait non seulement l'élite de la jeunesse de la Vallée, mais du Piémont, de la Savoie et d'ailleurs. Sous les Bénédictins, il y eut même une école de paléographie très renommée. Pas n'est besoin d'être grand clerc en histoire pour savoir que si les Bénédictins n'avaient eu soin de transcrire les manu– scrits épars de l'antiquité nous ne connaîtrions ni les chefs-d'oeuvre d'Ho– mère, de Pindare, d'Aristote, d'Euripide, de Tucydide, ni les oeuvres non moins splendides de Virgile, d'Horace, d'Ovide, de Tibulle, de Catulle, de Ciceron, de Tacite ainsi que d'une foule d'autres génies de !'Antiquité. Ce Collège remonte vers les premières années du onzième siècle. Le pre– mier prince de la maison de Savoie, Humbert-aux-blanches-mains, l'aida de ses munificences et surtout au moyen d'échanges avantageux. Ici, la plus brillante illustration valdôtaine, saint Anselme, puisa, de l'an 1043 à l'an 1048, les premiers éléments littéraires et scientifiques. Les Bénédictins, pendant les 160 ans environ qu'ils dirigèrent le Prieuré de Saint-Béning, se signalèrent par leur amour des sciences et des lettres et leur grand zèle pour l'instruction publique. On peut sans parti pris affirmer que le Collège de Saint-Béning connut des époques très florissantes sous la direction des Congréganistes, c'est-à-dire des Bénédictins, depuis l'an 1008 ou 1018 jusqu'en 1177; des chanoines du Grand-Saint-Bernard, époque qui va de 1177 jusqu'en 1644; des Lorrains, depuis 1644 jusqu'en 1748; des Barnabites, depuis 1748 à 1800; des Jésuites, de 1804 à 1848; de nouveau, des Barnabites, de 1363 à 1873. Le P. Laurent, les Gal, les Laurent Cerise, les Clément Gérard, les Orsières, tant d'excellents avocats, d'illustres professeurs, de célèbres docteurs en médecine, en belles-lettres, en sciences naturelles, nos meilleurs historiens, reçurent l'enseignement classique les uns des Jésuites, les autres des Barnabites. Qui croirait de nos jours que notre Collège compta, sous les Lorrains, jusqu'à 300 élèves ? 165, 180 sous les Jésuites ? Quelle culture solide, profonde nos anciens professionnels puisèrent de ces vaillants et savants maîtres !

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