BASA
202 A. Zanotto devant l'arbre de la liberté les patentes des nobles de la ville et des paroisses, que l'on chargeat sur un ane que l'on fesoit marcher au son des instruments. On lui posta sur la tete une perruq ue et sur la croupe un manteau noir, ce qui ne pouvoit marquer que du mepris pour la robe noire. Son dot etoit chargé d'une epée et des portraits du roi et de la reine et des princes, que l'on pro– menat par toute la ville avec des huées diffamantes et injurieuses, et qu'ensuite on jettat sur un grand bucher. Cette scene deraisonnable et ignominieuse pour ses auteurs se terminat par les risées de la populace et les gemissements des gens de bien 34 • Toutes ces operations ammenerent un grand nombre de variations. A Turin on fit cesser le pouvoir du gouvernement provisoire pour y créer des administrations centrales et municipalités, des tribunaux civils, criminels, correctionels et de paix selon l'arreté du Directoire executif de la Republique française du 15 ventose an 7 de la Rep. (ce qui revient au cinq du mois de mars 1799), signé Musset commissaire. Et de là on fit les memes changements dans toutes les villes et paroisses des Etats. On fit meme à cette époque battre differentes pieces de monnaye de cuivre et d'argent au coin de la Republique. Il y en eut de trois livres en argent, en cuivre de deux sols pieces. Après cette disposition dans le gouvernement, tout sembloit annoncer la perpetuclle pos– session du Piemont entre les mains des Français. On le partageat, ainsi que la France, en differents departements, et les loix etoient encore celles de l'ancien régime, sauf les loix politiques et civiles. Non contants de posseder le Piemont et de le reg,uder comme une portion pretieuse, les Français porterent leurs armes en Italie et se frayerent un chemin assuré jusque dans le territoire du pape, qui à l'avenue de l'armée française crut de son devoir de prevenir son peuple que les !Français ne venoient pas hosti– lement dans la Romagne, et qu'ainsi ils ne devoient pas s'inquieter, ni commet– tre aucune insulte ni outrage 3ux Français, ce qui fut annoncé par un monifeste du 9 fevrier 1798 signé le cardinal Doria Pamphili. Neammoins malgré toutes les precautions du Saint Père et l'innatendue perfidie des Français, ils entrerent dans Rome le 17 fevrier de fa meme année et proclamerent la Republique romaine. Ce fut le general Berthier qui l'organisat incontinant, en laissant le souverain Pontife maitre de son pouvoir spirituel sur l'Eglise, et avec cette distinction qu'il pourra conserver pour sa garde et à sa solde 500 hommes de troupes de ligne, et se reserv:mt pour recompense des exploits de son armée (34) La Relation de Frutaz est ia seule source conm;e sur l'épisode de l'autodafé. Mgr Duc, Histoire cit., IX, pp. 152·153 l'attribue erronément au prieur Marguerettaz. Il est assez étrange que notre évêque-historien, tout en citant presque à la lettre J.e passage susdit de la Relation, ait soigneusement évité de dire que le baudet avait « sur la croupe un manteau noir » ! Voici une délibération de la municipalité d'Aoste, du 25 nivôse an VII (14 janv. 1799), concernant le brûlement des documents de l'ancien régime: « La municipalité, ayant notifié au public par le son de la caisse aux carrefou rs de cette ville qu'en exécution du décret du gouvernement provisoire du 26 frimaire proche échu on brulerait mardi 26 nivose à une heure après midi, solemnellement, les diplomes, armes. investitures et autres papiers concernant l'aristocratie, au pied de l'arbre de la liberté, à cette fin elJ,e a encore délibéré que le citoyen présidant [Chante!] ferait parvenir au préfet du collèg~ l'invitation d'exemter de la classe les étudiants dudit collège pour la journée de demain pour qu'ils puissent assister à cette fonction pompeuse et consolante pour l'humanité, comme de participer aux membres de la direction centrale, au citoyen commandant Botton et au citoyen évêque de ce diocèse ». Archives de la commune d'Aoste, Registre des délibérations municipales 1793-1800, fol. 14' (la feuilletation est recommencée du fol. 1 à la suite de la nomination de la nouvelle municipalité républicaine, le 3 janv. 1799).
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