BASA
Témoignages et documents 205 du roi de Sardaigne 35 . La Vallée d'Aoste ne fut pas plus heureuse sous le pouvoir des armées de l'empereur que sous le gouvernement republicain. Les fournitures immenses qu'il fallut faire pour l'entretien des troupes autrichiennes appau– vrirent tellement le pays que les danrées se vandoient aux prix excessifs, outre les usurpations militaires que les particuliers souffrirent dans les lieux où le regiment Kinski etoit stationné. On vit meme arriver quelques compagnies russes qui camperent à la place de la porte du Plot sous des tentes de feuillages, et dont l'habillement etoit verd, et qui ne pouvant soutenir l'ardeur du climat, se baignaient tous les jours le long de la rive du meme Plot. Ceux-ci ne sejour– nerent pas longtemps dans ce pays. Ils furent bientot rappellés pour rejoindre le corps de l'armée qui etoit stationé à Turin. Et de là, voulant poursuivre leurs conquetes du coté de l'Allemagne, ils passèrent le Tirai et y souffrirent un grand dechec par la jalousie d'un general autrichien qui ne pouvait souffrir que l'eclat des victoires remportées par les Russes dans l'Italie sur les Fran· çais, rejaillit sur des troupes si aggueries que celles de la Russie, et ce fut là l'époque de la retraite du general en chef Souvarouf qui passat par la Boheme pour se retirer en Russie . Pendant le se}our des troupes russes et autrichiennes dans les Etats du roi de Sardaigne, on se promettait une longue suite de victoires sur les armées republicaines. On s'attendait de les voir bientot passer les Alpes pour aller dans le sein de la France y detruire ce sisteme destructif de la royauté; mais on fut bien trompé dans cette flatteuse esperance, et l'on ne tardat pas à voir que l'empereur d'Allemagne, ayant son cabinet corrompu. ne travaillait qu 'en apparence aux interets du roi de Sardaigne, quoiqu'il ne s'appercevoit pas lui– meme qu'on preparoit sa ruine, tant la fougue de son age et son inexperiance lui cachaient ses propres dangers. Car quoique les Russes eussent quitté le Piemont pour s'unir à l'armée que l'archiduc Charles tenait du coté du Rhin , cependant les Allemands tenaient encore le Piemont et la Vallée d'Aoste lorsquè tout à coup les Français, invités par leurs agents qui etoient dans le pays, ten– terent à faire une irruption, à laquelle ils reussirent le second septembre de 1799 ayant à leur tete le general Malliet. Ils aborderent la ville d'Aoste sans avoir trouvé aucune resistance, et y vinrent en assez petit nombre pour mettre en fuite les imperiaux qui y commandaient. Le commandant qu'ils etablirent à la cité fut un homme cruel et inflexible, nommé Morisod, qui se proposait de metre tout à feu si on ne lui payait une forte contribution qu'il avait jetté sur la ville. Les troupes françaises aborderent jusqu'au fort de Bard, oi'.i s'etoient retranchés les Allemands, et qu'ils ne purent forcer ni par là penetrer dans le Piemont, ce qui les obligea à une retraite honteuse qu'ils firent le 29 du meme mois, ayant à leur talon les Autrichiens qui entrerent dans la ville le meme jour au soir. Les imperiaux continuerent leur domination dans la vallée tenant de~ com– pagnies de soldats près des differents debouchés tel que La-Thuile, St-Rhemy, Courmayeur, Valgrisanche, Valtornanche et du coté d'Ollomont et Bionaz, de maniere qu'il n'y avait plus de passage que par le Piemont pour venir en Aoste, et les contributions pour la troupe imperiale etoient exigés avec la derniere rigueur quand meme la Vallée n'eut recueilli qu'une tres modique (35) Deux proclamations du général Alexandre Souvorov aux populations du Piémont ont été éditées par S. PELLINI, Due episodi cit. , pp. 36-39.
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