BASA

206 A. Zanotto recolte. Les vivres etoient tres chers, et le peuple malgré les fournitur ès qui venaient du Piemont, etoit tres mal traité, au point que les imperiaux, non contents de leur solde, extorquaient ce qu'ils pouvaient des pauvres habitants et la campagne etoit à !eut disposition comme un droit acquis. Les choses resterent dans cet etat jusqu'au mois de mai de l'année suivante 1800 où le bruit s'etoit repandu que le premier Consul organisait à Dijon une armée formidable pour venir fondre en Italie. On se berçait dans des divers sen~i­ ments sur ce preparatif. Cependant on voyait que les imperiaux ne s'en inquietoient pas et, qui plus est, ne fortifiaient pas de plus les passages. On ne voyait que des compagnies incomplettes faire des patrouilles le long des défilés, sans avoir la moindre défiance . L'aveuglement ou l'intelligence pouvaient bien occasioner leur inaction. Quoiqu'il en soit des vues des im– periaux, ou que leurs espions etoient mal soldés ou corrompus, le 16 du mois de mai de l'an 1800 l'armée française, après avoir traversé la Suisse et le Vallais fit une irruption inopinée dans la province, partie par le Petit St-Ber– nard, partie par le Grand, et n'eut pas grande peine d'en expulser les Banates qui y etoient en très petit nombre, et qui firent voir leur valeur et leur resistance non obstant la force de l'ennemi. L'armée française fut suivie d'une grande artillerie que l'on fit grimper à force d'hommes sur la sommité du Grand St-Bernard, entreprise inouïe et bazardée, reservée à la fierté française , et la descente n'en fut pas moins perilleuse et couteuse aux pauvres paysans de la vallée qui porterent long· temps les marques douloureuses sur leur epaules meurtries par le poids deo roues et caissons. La Vallée d'Aoste etoit alors dans une grande penurie de danrées, tant par rapport à la modique moisson de l'année precedente que les imperiaux aidaient encore à consumer, que par raison de la fin de la saison qui avait absorbé les danrées comestibles. Cependant l'armée française au nombre de 80 mille hommes qui etoit campée partie vers la pleine de St-Christophe partie à Arnad, à cause de la resistance du fort de Bard, fut nourrie et entre– tenue au delà de toute attente par les contributions en pain et vin auxquelles on soumit le peuple de toute la province et le nombre des vaches et beufs que l'on amatat à cette occasion, ce qui occasiona une grande misere surtout dans le bas Val d'Aoste où l'on vit des familles se nourrir des herbes cuites sans condiment. L'armée française malgré le feu continuel de l'artillerie du fort de Bard, se partagea après quelques jours pour se faire un passage par Machable du coté de Perloz, par Brusson et ensuite par Gressoney et de là penetrerent en Piemont avant que le fort de Bard se rendit, et comme il em– pechoit le passage de l'artillerie des Français qui ne pouvait avoir lieu par les rochers des défilés où une partie de l'infanterie et cavalerie avoit passée quoiqu 'avec perte et beaucoup de peines, on s'avisa de tenter une escalade du coté d'Hone pour prendre le fort, qui fut déconcertée par une pluie de soufre et poids resine allumé que les assiegés firent tomber sur les assiegeants. Ensuite, comme on avoit reussi de passer de l'autre coté du fort, on entreprit de faire entrer des canons dans le bourg de Bard dont on garnit les roues de toiles et de bandes de drap pour empecher le bruir. Et l'on parvint à y introduire pendant la nuit un canon dans l'eglise du bourg pour avoir la direction de la porte de communication du fort, et par des canonades innat– tendues les Français vinrent à bout de faire une grande breche dans le fort ,

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